Ministère des Finances
La rigueur budgétaire sera de mise mais les objectifs fixés en matière d’éducation, de santé et d’habitat ne seront nullement affectés.
Apparemment, le gouvernement prend en compte, de plus en plus, certaines recommandations du FCE. En annonçant la réduction sensible de la taxe d’activité professionnelle (TAP) et de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS), le Premier ministre a confirmé ce que les entrepreneurs, et à leur tête Ali Haddad, attendaient depuis plusieurs mois, une loi de finances complémentaire (LCF) qui sera promulguée, en juillet prochain, en vue de recadrer les fondamentaux de l’économie nationale, privilégiant la production au détriment des importations anarchiques qui ont lourdement grevé le budget de l’Etat.
Jusque-là, rien de surprenant même si le discours a radicalement changé en quelques jours, l’accent étant désormais mis sur les dangers, devenus urgents et brutaux, qui pèsent sur les ressources du pays. En intervenant devant les cadres de Sonatrach lors de l’installation du nouveau P-DG de cette entreprise, le Premier ministre a adopté un tout autre langage, l’optimisme faisant place à une sourde inquiétude quant aux données financières actuelles. Si les cours du pétrole ne retrouvent pas une embellie rapide, la situation ira en s’aggravant de mois en mois. «A 60 dollars le baril, les recettes s’élèveraient à 38 milliards de dollars et à 50 dollars, elles chuteraient à 9 milliards», a-t-il prédit.
Ainsi, le rapatriement sur les exportations d’hydrocarbures a-t-il baissé de 45% durant le 1er trimestre de 2015, soit un recul de 7,8 milliards de dollars, alors que le solde de la balance des paiements s’est établi à 1,7 milliard de dollars au 1er trimestre 2015 contre 1,8 milliard de dollars en 2014. Des chiffres qui ne correspondent pas à l’alarmisme affiché mais dont la finalité impacte, malgré tout, la crainte d’une situation dont tout indique qu’elle sera de plus en plus délicate, les prévisions quant à une embellie du marché n’étant pas des plus favorables.
La conjonction des objectifs du gouvernement et du FCE est en bonne voie et il suffit pour s’en convaincre de se référer aux importants changements intervenus ces jours derniers, lors du remaniement ministériel et des nouvelles nominations à la tête des grandes entreprises parmi lesquelles plusieurs banques.
L’heure est à la relance de la production nationale, à la réduction drastique des importations et… à la privatisation graduelle de certains pans de l’économie tels que les transports aérien et maritime qui suscitent des appétits et des impatiences manifestes.
Cela étant, le discours officiel entend tempérer l’anxiété ambiante en rappelant que la politique sociale demeure inchangée, malgré les contraintes induites par le réajustement inscrit dans la loi de finances complémentaire. La rigueur budgétaire sera de mise mais les objectifs fixés en matière d’éducation, de santé et d’habitat ne seront nullement affectés.
Tout au plus, des restrictions seront introduites dans le train de vie des institutions et des projets budgétivores seront ajournés, le temps d’un retour de la manne pétrolière. En ce sens, les mises en garde gouvernementales confirment-elles la volonté de faire face aux exigences de la conjoncture sans pour autant remettre en cause les mécanismes dont est tributaire la paix sociale, sachant que le pays se trouve dans un environnement géopolitique des plus instables.
Sans doute, les réserves de changes suffiront-elles à maintenir l’économie en l’état jusqu’à 2019 avec cet avantage, si l’on peut dire, d’une dette devenue minime, voire insignifiante et si la stratégie envisagée aboutit à la résorption du secteur informelle, ne serait-ce que de moitié, les retombées pourront garantir le taux de croissance de 7% attendu d’ici 2019 qui semble, pour l’heure, surréaliste…