Budget : le gouvernement sur la corde raide
La loi de finances 2015 vient d’être adoptée par l’APN. Un ensemble de mesures avantageuses pour les créateurs d’entreprises dans le cadre de l’Ansej, de la Cnac et de l’Angem, les smicards, via l’abrogation du 87 bis, les ménages à travers le retour à la consommation et les entrepreneurs. Ces dispositions positives se trouvent contrariées par l’orientation de ce texte de loi fondamental.
Il s’avère inflationniste, c’est-à-dire qu’il encourage la hausse des prix à travers des hausses de salaires non compensées par une augmentation de l’offre sur le marché intérieur et une meilleure productivité. Si hausse des salaires paraît légitime au regard du niveau des revenus de millions d’Algériens, en revanche, cette mesure devait être accompagnée par une relance effective de la machine productive et d’un système de rémunération fondé sur la productivité, le mérite et la performance. L’État, en un mot, va retirer d’une main au simple travailleur ce qu’il lui donne de l’autre, maintenant ainsi la précarité de sa situation sociale.
Ce texte est d’autant plus inflationniste que peu de progrès ont été réalisés dans la maîtrise des circuits du commerce intérieur où la spéculation, la rétention de produits prédomine, créant d’artificielles et périodiques flambées des prix de large consommation. Ce laisser-faire toléré par différentes institutions de l’État est à l’origine, entre autres, de facteurs importants de cette spirale inflationniste qui dure depuis plusieurs années. La loi de finances 2015 ne prévoit aucune mesure dans le sens d’une meilleure maîtrise du marché et donc, de protection du pouvoir d’achat des citoyens.
L’autre face inquiétante de cette loi de finances est un recours de plus en plus excessif au Fonds de régulation de recettes. Le montant puisé a été multiplié par 7 par rapport à la moyenne entre 2000 et 2013.
Objectif, effacer un déficit budgétaire de 50 milliards de dollars 2015 ; si cette tendance hyper-dépensière se poursuit, non compensée par une croissance significative des recettes fiscales, l’Algérie va droit vers une crise financière avec une fonte en peu de temps des excédents financiers accumulés dans le Fonds de régulation. En supposant que le baril de pétrole algérien tourne autour de 80 dollars en moyenne sur l’année 2015, le déficit du Trésor, qui correspond au vrai déficit, se creusera davantage, accélérant la fonte du Fonds de régulation des recettes.
Le principe de précaution serait alors d’imaginer vite des ressources financières de substitution. Pourquoi ne pas mieux appréhender l’assiette fiscale en luttant contre l’évasion fiscale dans l’informel, les importations de marchandises, les rentes immobilières indues. Mais là, il faut un courage politique qui, hélas, manque aujourd’hui. La solution de la durée serait, en outre, d’engager rapidement les chantiers de la diversification de l’économie et de la promotion de l’investissement tous azimuts pour ne plus dépendre des aléas du marché pétrolier.