Depuis l’annonce des réformes politiques, le 15 avril dernier, la scène politique nationale a vu l’annonce de nouvelles formations politiques de différents courants, en attendant l’obtention de l’agrément du ministère de l’Intérieur.
Cette annonce intervient à moins d’une année des élections législatives. Peut-on parler d’une nouvelle carte politique si ces partis remplissent les conditions de participation à ce rendez-vous électoral et si, bien sûr, les électeurs y prennent part massivement, ce qui n’était pas le cas en 2007.
Il faut dire que la relation entre les citoyens et les partis politiques est loin d’être étroite car ces formations ne se manifestent qu’aux périodes électorales. Toutefois, il y a des militants qui croient et qui attendent une promotion, une fois intégrés dans un parti politique.
La scène politique actuelle est dominée par les partis de l’Alliance présidentielle, en l’occurrence, le FLN, le RND et le MSP, si on se base sur la représentativité en matière d’élus dans les différentes assemblées (APN, Conseil de la nation, APW et APC).

Pour ces partis, la situation interne n’est pas aussi parfaite que veulent le montrer leurs dirigeants, même si cela diffère d’un parti à un autre. La situation au FLN n’est pas celle qui prévaut au MSP, même si les deux formations politiques connaissent des crises internes. Pour le Mouvement de la société pour la paix, la situation est plus claire car les dissidents ont déjà annoncé la création de leur parti politique «le Mouvement pour le changement (El Taghyir)» par le rival de Bouguerra Soltani, Abdelmadjid Menasra (ex-numéro 2 au MSP).
Pour le courant islamiste, l’ex-patron d’Ennahdha et El Islah, Abdallah Djaballah, a tenu le congrès constitutif de son nouveau parti «le Parti pour le développement et la justice».
En ce qui concerne le FLN, les données sont différentes car le mouvement de redressement mené par des ex-membres du bureau politique et parlementaire n’a pas l’intention de créer un parti politique, selon son coordinateur Salah Goudjil. Mais s’agissant des prochaines législatives, il se pourrait qu’il y ait des listes parallèles contre celles de Belkhadem.
S’agissant du troisième parti de l’Alliance, en l’occurrence le RND, un coup lui a été porté par le retour sur la scène politique de son ancien patron, Tahar Benbaibeche, qui vient d’annoncer un nouveau parti politique dénommé «Hizb el fadjr el jadid». La demande d’agrément sera déposée auprès du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, après la promulgation de la nouvelle loi relative aux partis politiques, actuellement en préparation. Sera-t-il une menace ou non pour le RND ? Rien n’est encore clair. A ce propos, M. Benbaibèche a nié que son parti allait recruter au sein de l’Organisation nationale des enfants de chouhada et des militants du RND. Il expliquera que «le parti est ouvert à tous et à toutes, sans exclusion», alors que l’annonce avait été faite en présence de l’ancien Chef du gouvernement Ahmed Benbitour, des enfants de chouhada et d’anciens cadres du RND. Élu en avril 1998 à la tête du RND, il a été destitué le 26 janvier 1999 et remplacé par Ahmed Ouyahia, l’actuel Premier ministre.
D’autre part, il y des partis qui se qualifient de partis «d’opposition», à l’instar du FFS qui ne participe plus aux législatives et préfèrent les municipalités, et le RCD qui est représenté à l’APN mais qui s’est divisé en quelques années avec l’apparition des dissidents. En outre, il y a le Parti des travailleurs qui joue le jeu de l’opposition et réclame des législatives anticipées alors qu’au niveau de l’APN il souffre du nomadisme des députés.
Par ailleurs, il y a des formations politiques oubliées mais qui ont refait surface en participant aux consultations sur les réformes politiques menées par la commission Bensalah en juin dernier.
Il faut dire que la question du blocage des agréments depuis ces dernières années est perçue comme une fermeture du champ démocratique. Dans ce cadre, le nouveau projet portant sur les partis politiques, validé le 13 septembre dernier en Conseil des ministres, réaffirme que l’absence de réponse de l’administration «au-delà des délais équivaudrait à un agrément». «De même, tout refus des pouvoirs publics à une étape ou une autre de la constitution d’un parti, ouvre droit à un recours devant le Conseil d’État, dont la décision sera définitive». Ce texte donne de l’espoir à plusieurs partis politiques pour pouvoir exercer leur activité en toute légitimité.
Par Nacera Chenafi