La Ligue des béni-oui-oui

La Ligue des béni-oui-oui
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«Terroristes», la sentence est sans appel, sans recours, prononcée par une Ligue arabe contre le Hezbollah libanais parce que l’Arabie saoudite en a décidé ainsi. Faut-il s’étonner de cette unanimité, moins trois, l’Irak, le Liban et à un degré moindre l’Algérie ? La réponse est certainement non puisque cette Ligue, dont les Arabes n’attendent plus grand-chose, est tombée depuis ces dernières années sous l’influence des pétrodollars des monarchies du Golfe. Cette coquille vide qui ne représente plus rien aux yeux du monde ne subsiste qu’à la grâce de l’abonnement annuel de ses membres et des dessous-de-table des rois du désert.

Ce classement, qui adoube la décision des Etats sunnites membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) de classer l’organisation de Nasrallah «organisation terroriste», est en soi-même une flagrante violation de l’intégrité du Liban puisque le Hezbollah est reconnu par Beyrouth comme un parti politique. La Ligue arabe bat en brèche, du même coup, la politique de l’Algérie de non-ingérence. La position algérienne sur ce dossier reste pour le moins tiède puisqu’elle ne tranche pas dans le vif. Si Baghdad et Beyrouth ont voté contre pour des raisons qui leur sont propres, Alger a botté en touche, faisant valoir la légitimité internationale en matière de lutte antiterroriste. Un argument également piétiné aux pieds des ministres arabes qui ont été plus royalistes que le roi.

En effet, en plaçant le Hezbollah sur la liste des groupes terroristes, ils ont osé ce que l’Onu n’a pas fait. Cette porte ouverte à l’arbitraire, Ryad voulant faire payer le prix fort au gouvernement libanais d’un crime de lèse-majesté, est un pas de plus vers la dislocation d’une unité de façade qui ne trompe plus personne. Pourtant, ce ne sont certainement pas l’Egypte, le Maroc ou les pays du Golfe qui sont à blâmer mais les Etats souverains qui cautionnent encore cette mascarade arabe allant jusqu’à payer leurs cotisations annuelles pour se faire insulter en Conseil des ministres.

On comprend de moins en moins ce besoin de l’Algérie de faire partie de cette association de malfaiteurs arabes où sa voix devient de plus en plus inaudible. Le pays reste suffisamment fort pour faire l’économie d’alliances de pacotille malgré tous les dangers qui l’entourent. Alger sait pertinemment que le danger viendra certainement de ces pays arabes qui n’attendent qu’une occasion pour lui passer le couteau sous la gorge et cette défiance ira crescendo du fait que l’Algérie ne reniera jamais ses principes fondamentaux. Le fait de tenir tête, à plusieurs occasions, à la mégalomanie des Al Saoud place notre pays dans la case des ennemis de l’islam sunnite, comme prêché par un prédicateur cathodique saoudien qui a traité l’Algérie de traître. Qu’à cela ne tienne, on est des traîtres et fiers de l’être pour peu qu’on ne tourne pas le dos aux causes justes qui méritent qu’on se batte pour elles.