Pour une fois La Ligue arabe semble aller dans le bon sens et a décidé de suspendre la Syrie en préconisant des sanctions contre le régime de Bachar Al Assad, enfermé plus que jamais dans sa folie meurtrière et lancé dans une répression effrénée qui a déjà fait plus de 3500 morts
Les autorités syriennes, qui accusent des “terroristes” et des militants islamistes d’être à l’origine des « troubles », ont accepté dans un premier temps un plan de sortie de crise conclu le 2 novembre par la Ligue arabe et donc de retirer l’armée des villes, libérer les prisonniers politiques et ouvrir le dialogue avec l’opposition.
Mais la répression n’a pas faibli pour autant. Et aucune mesure préconisée au Caire n’avait été mis en oeuvre par Damas , qui semblait faire peu de cas du plan de sortie de crise , dans sa folle fuite en avant , qui rappelle curieusement les positions de Kadhafi avant sa chute et son assassinat.
C’est à l’issue d’une réunion ministérielle consacrée aux mesures à prendre à l’encontre de Damas, qui a accepté il y a dix jours le plan de sortie de crise de la Ligue sans pour autant l’appliquer, que la suspension de l’adhésion de la Syrie à la Ligue arabe qui était l’une des revendications principales de l’opposition syrienne dont les différents courants se sont succédé au Caire ces derniers jours pour rencontrer Nabil Al-Arabi, le secrétaire général de la Ligue arabe, a été décidée en dépit de la réserve de certains États membres.
Les ministres arabes ont également appelé au retrait des ambassadeurs arabes de Damas, certains pays du golfe ont depuis un moment déjà opéré le retrait de leur ambassadeurs de la capitale syrienne. Depuis l’accord du Caire, la répression de la révolte populaire sans précédent contre le régime Assad, qui a fait selon l’ONU plus de 3.500 morts depuis la mi-mars, n’a pas baissé d’intensité, faisant notamment plus de 120 morts dans la seule région de Homs, un des foyers de la contestation dans le centre du pays.
La Ligue arabe a également appelé à des sanctions contre la Syrie en raison du refus de Damas d’appliquer le plan de sortie de crise proposé par l’institution panarabe. La Ligue, dans un communiqué, a demandé également d’appliquer des «sanctions économiques et politiques contre le pouvoir syrien».
Ces sanctions vont s’ajouter à celles opérées par l’union européenne et les États-Unis et vont accroître l’isolement de Damas qui s’est tournée vers l’Iran qui a accrut son aide. La Syrie à réagie violemment à la décision de la Ligue arabe de suspendre sa participation à l’institution arabe la qualifiant d’«illégale» et de «contraire au traité» de l’organisation panarabe, a indiqué hier l’ambassadeur syrien Youssef Ahmad, dans des déclarations citées par les médias syriens.
C’est une décision qui «met fin à l’action arabe commune, et prouve que l’administration (de la Ligue) suit un programme édicté par les Américains et les Occidentaux», a affirmé M. Ahmad. En décidant de sanctionner au plus haut degré la Syrie la Ligue arabe accentue l’isolement du régime, frappé déjà de lourdes sanctions économiques mais ouvre la voie au départ du président syrien Bachar el Assad, qui est tant pour l’opposition syrienne que pour la communauté internationale «inévitable». Déjà plusieurs États arabes ont entrepris de lui proposer l’exil sur leur territoire.
Selon le secrétaire d’étatadjoint américain, chargé du Proche- Orient, John Feltman presque tous les dirigeants et ministres arabes des Affaires étrangères qu’il a rencontré lui ont dit que «le pouvoir d’Assad touche à sa fin.
C’est inévitable», a déclaré Feltman. «Certains ont même commencé à offrir l’asile à Assad afin de l’encourager à partir rapidement», a-t-il ajouté, sans citer les pays ayant soumis une telle offre à Damas. Feltman a également dit espérer qu’Assad et son entourage proche choisiraient «de s’en aller volontairement».
Des milliers de Syriens se mobilisent au quotidien pour exprimer leur hostilité au régime de Bachar al-Assad, accusé par Human Rights Watch de «crimes contre l’humanité». «Le recours systématique aux abus contre les civils à Homs par les forces du gouvernement syrien, y compris la torture et les exécutions arbitraires, montre que des crimes contre l’humanité ont été commis», a dénoncé HRW.
Mokhtar Bendib