La nouvelle de la libération de quatre otages parmi les ressortissants français enlevés dans la région peut raviver les flammes de l’espoir quant au sort du reste des captifs, dont les diplomates algériens retenus par le Mouvement de l’unité du jihad en Afrique de l’Ouest.
Cette issue heureuse et les conditions de leur libération apportent aussi son lot d’interrogations.
Ils sont libres. Enfin ! Après trois ans de calvaire, les otages de nationalité française retenus depuis trois ans par leurs ravisseurs après avoir été kidnappés en 2010 au Niger vont retrouver leurs familles. C’est avant-hier en fin de journée que la dépêche est tombée et a fait le tour du monde grâce à la Toile.
Photos des rescapés du pire en compagnie du Président nigérien Issoufou et des ministres français des Affaires étrangères et de la Défense. Les premiers papiers évoquent une opération des autorités du Niger sans expliquer quel type d’intervention elles ont mené sous le magister du Président, quelques jours avant la bonne nouvelle.
On comprend ensuite que des négociations ont permis d’obtenir leur émancipation. Question : quel deal a permis le miracle à un moment où paradoxalement la France participe à une guerre quotidienne contre le terrorisme en certains territoires de la vaste bande sahélo-saharienne ?
EUPHORIE CACHOTIÈRE
A Paris, dans la capitale française, ce sont les déclarations de satisfaction qui fusent. Euphorie légitime et occasion en or pour le Président François Hollande, au plus bas des sondages d’opinion, de redorer son blason.
Mais, parallèlement à cette séquence de joie partagée, les premières interprétations se cognent aux rumeurs sur les tractations qui ont précédé la libération des otages.
Certains articles de journaux n’hésitent pas à évoquer le paiement d’une rançon. Selon «une source proche des négociateurs nigériens, entre 20 et 25 millions d’euros auraient été versés en vue de leur libération», écrit l’AFP qui cite en même temps le démenti de l’entourage François Hollande qui aurait rétorqué que «la France ne verse pas de rançon».
Pourtant, ce deus ex machina laisse perplexes les observateurs après tant d’années de captivité et de longs mois écoulés depuis la dernière information sur une imminente libération des otages français publiée par le Jeune Indépendant.
Des révélations portant sur des progrès dans les contacts établis entre le gouvernement français et les ravisseurs qui retenaient alors les otages à la frontière entre le Mali et la Mauritanie.
AQMI CONTRE MUJAO ?
La France, qui affirme son rôle hégémonique sur la guerre livrée aux groupes terroristes qui activent sur le périmètre sahélien, a-t-elle proposé ses services à l’une des composantes d’AQMI dans la sous-région contre ce geste fort des narcoterroristes ?
Au moment où l’armée française annonce faire la chasse à Abou Kaka, le chef du MUJAO, que d’autres voix donnent pour mort à Douentza dans le nord du Mali, il n’est pas interdit de penser que l’opération Hydre s’occupe en même temps de réduire l’influence de groupes rivaux d’AQMI.
Malgré les allégeances et les déclarations d’unité de la nébuleuse terroriste en proie à une guerre de leadership. Un deal comme cela a toujours existé entre les Etats et les mouvements armés capables de chantage pour négocier l’impensable et le politiquement incorrect.
La libération de quatre ressortissants français des griffes d’AQMI vient soulager les familles sans dissiper totalement toutes les inquiétudes sur le sort des captifs français, algériens ou d’autres nationalités, toujours entre les mains d’autres mouvements armés subversifs.
Un heureux dénouement pollué par l’opacité habituelle qui entoure ce dossier quant aux concessions accordées par les négociateurs français et nigériens à la mouvance terroriste qui sévit au Sahel.