L’avant-projet de loi de finances (LF) pour 2010 sera présenté lors de la prochaine réunion du gouvernement.
Le Premier ministre Ahmed Ouyahia et son staff examineront donc ce texte qui devrait consolider la LFC 2009 puisque le gouvernement n’est pas près de faire marche arrière quant à l’application des dispositions de celle-ci, selon les dires de Ouyahia.
De sources gouvernementales, on a appris que le budget de fonctionnement de même que le train de vie de l’Etat seront drastiquement réduits.
En d’autres termes, cette loi de finances sera réellement celle du «temps des vaches maigres».
Il faut souligner dans ce contexte que jamais un tel texte, de toutes les lois qui ont été adoptées par le gouvernement, n’a suscité autant de réactions de la part des opérateurs économiques.
Le paiement des importations par le seul crédit documentaire (Crédoc) et la suppression du crédit à la consommation à destination des ménages, particulièrement le crédit véhicule, sont les points les plus controversés de cette loi.
D’autres sont également dans le collimateur des patrons. Il s’agit de la taxe sur l’activité professionnelle.
Ils estiment que celle-ci, destinée aux collectivités locales, pourra disparaître sans porter un grand préjudice aux collectivités locales tout en permettant à l’entreprise de se procurer un poste supplémentaire pour effectuer des économies.
La seconde contestation du patronat a trait à la suppression de la double imposition en arguant que les sociétés doivent être soumises à un impôt libératoire unique.
Un même revenu est actuellement imposé à travers l’application de l’impôt sur le revenu global et de l’impôt sur le bénéfice des sociétés.
Cependant, pour le gouvernement, il s’agit à travers les différentes mesures prises, de booster et protéger l’économie nationale et réduire les importations.
La LFC 2009 prévoit, en effet, plusieurs mesures visant particulièrement à réduire les charges fiscales en faveur de la création d’emplois et l’encouragement des PME, promouvoir la production nationale et réorganiser le commerce extérieur.
Cette vision a été, faut-il le souligner, saluée par bon nombre d’acteurs économiques et politiques.
C’est le cas de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune. «Les mesures contenues dans la loi de finances complémentaire 2009 sont une victoire pour l’économie nationale et pour l’Algérie».
Louisa Hanoune les trouve «globalement positives» et s’est félicitée «du changement de cap» du gouvernement.
«La majorité des mesures vont dans le sens de la sauvegarde de l’économie nationale et des intérêts du peuple. Cette loi de finances complémentaire met le holà à la fuite des devises. Ces mesures vont mettre fin à l’importation sauvage qui freine le développement du pays, à l’évasion fiscale qui a atteint les 700 milliards de dinars, et barrer la route aux centres occultes qui ont amassé des sommes colossales. Il existe une mafia qui gangrène l’économie nationale. Le gouvernement avait un besoin urgent d’assainir la situation. Les aides multiples accordées au secteur de l’agriculture en amont et en aval, la suppression de la TVA pour le secteur du tourisme et la pêche sont salutaires», avait-elle soutenu.
Les spécialistes de la finance estiment donc qu’il serait judicieux dans la LF 2010 d’accompagner les dispositions de la LFC 2009 par d’autres mesures pour la consolider davantage dans un contexte marqué par la crise financière mondiale, qui ne met pas l’Algérie à l’abri, mais aussi au vu des différents dossiers qui l’attendent, notamment son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Dans ce sens, le gouvernement était clair en affirmant, à plusieurs reprises, qu’il ne cèderait pas sur les questions qui touchent à la stabilité de l’économie nationale.
«Ce qui nous intéresse ce sont les intérêts de l’Algérie et non pas ceux des autres», affirmait le Premier ministre, Ahmed Ouyahia.
A noter que la LFC 2009 a été adoptée, hier, par le Conseil de la nation.
Naïma HAMIDACHE