La « Kechkcha », une tradition incontournable pour fêter Achoura à Constantine

La « Kechkcha », une tradition incontournable pour fêter Achoura à Constantine

A Constantine, la célébration de la fête de l’Achoura, demeure un moment festif perceptible jusque dans les marchés de la ville et chez les commerçants de la médina de l’antique Cirta, richement achalandés pour la circonstance.

La « Kechkcha », un alléchant mélange coloré de friandises diverses, de fruits secs, de chocolat et de dattes que l’on déguste en soirée, la veille de la fête, relève d’un rituel ancestral qui a résisté au temps et traversé les générations.

Marchés inondés de cacahuètes, de fruits secs, de bonbons et de chocolat

A la Souika, dans la vieille ville, tout comme dans les marchés du centre de l’antique Cirta, les commerçants se sont mis, ces derniers jours, en « mode Kechkcha », dressant de véritables monticules de cacahuètes grillées aux côté de pistaches, de noix de cajou, d’amandes et de fruits secs entremêlés de bonbons, de chocolat et de dragées.

Dans un effort supplémentaire, sans doute pour mieux écouler leurs marchandises, certains commerçants proposent des paniers en osier contenant toute la gamme de la « kechkcha » enveloppée dans du papier cellophane, et agrémentée de bonbons et du chocolat, de quoi mettre de l’eau dans la bouche des nombreuses ménagères défilant devant ces étals hautement colorés.

Cette année encore, les prix de la « kechkcha » se sont vus pousser des ailes, mais cela ne semble avoir aucun effet dissuasif sur les consommateurs qui affluent nombreux vers les marchés et ne se privent pas de ce moment joyeusement célébré.

Fêter la tradition, réunir, au bonheur des enfants, les membres de la famille, le soir autour d’une sinia (plateau en cuivre) pour déguster la « kechkcha », avec du thé à la menthe, coûte, en moyenne, jusqu’à 3.500 dinars. Sans parler du repas « spécial fête » qui nécessite aussi de bien racler son porte-monnaie.

En effet, Achoura, traditionnellement une journée de jeûne, est célébrée avec des plats traditionnels comme la « chekhchoukha » ou la « trida » des pâtes traditionnelles qui font la réputation de Constantine.

La « kechkcha », une tradition purement maghrébine

Célébrer Achoura avec tant de faste dans la ville des ponts relance souvent le débat sur l’origine d’une telle festivité.

Fatiha, enseignante dans une école coranique et étudiante en post-graduation à l’université des sciences islamiques Emir-Abdelkader, affirme que dans les pays maghrébin « Achoura a été associée à des concepts culturels », d’où, a-t-elle indiqué « l’achat de friandises et de fruits secs pour célébrer événement dans la joie et en famille ».

Achoura est mise à profit par de nombreux musulmans pour s’acquitter de la zakat, troisième pilier de l’Islam.

L’origine de l’Achoura était une fête juive, marquant le souvenir du jour où Dieu donna la victoire au prophète Moussa et à ses compagnons alliés sur le Pharaon d’Egypte.

La fête de l’Achoura, 10e jour du premier de l’année de l’Hégire (Mouharram) est entrée dans la sacralité de l’Islam quand le Prophète Mohamed (QSSSL) a dit à ses disciples que « nous (les musulmans) sommes plus dignes de nous réclamer de Moussa… » et leur ordonna de jeuner deux jours, celui de l’Achoura et le jour d’avant ou d’après.

Un jeûne qui, comme au Ramadhan, donne lieu, le soir venu, à de somptueux banquets familiaux, ce qui n’est pas pour déplaire aux constantinois, réputés pour être, dit-on, de fins gourmets habitants