Si l’histoire fabuleuse de la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK) a été souvent gravée en lettres d’or, car admirablement scellée de nombreux exploits sportifs sur le double plan national et international, il n’en demeure pas moins que cette date sinistre du 23 août 2014 constitue désormais une tache noire dans les annales du prestigieux club kabyle.
Et pour cause, en cette soirée estivale, le match choc JSK-USMA disputé pour le compte de la 2e journée du championnat national de Ligue 1 professionnelle (saison 2014/2015) fut marquée par une tragédie qui aura endeuillé toute la Kabylie et ébranlé toute l’Algérie sportive. Visiblement irrités par la défaite de leur équipe favorite, des énergumènes, qui n’ont certainement rien à voir ni avec les vertus du sport ni avec les vraies valeurs de la JSK, avaient alors inondé sauvagement et honteusement la pelouse du stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou de divers projectiles dont l’un heurta violemment le malheureux Ebossé Bodjongo qui s’écroula dramatiquement au bord du terrain pour être transféré aussitôt par les sapeurs-pompiers de service au pavillon d’urgences du CHU Mohamed-Nédir tout proche.
Toute la Kabylie retint alors son souffle et pria alors pour Ebossé, attaquant-buteur adoré et idole de tout un peuple. Puis, le drame dans toute sa cruauté ! La tragédie dans toute sa laideur ! Ebossé devait succomber quelques minutes après son admission à l’hôpital. La nouvelle se propagea en queqlues minutes à travers tous les monts du Djurdjura. “Ebossé est mort !”. Impossible d’y croire mais il fallait se rendre bien vite à l’évidence. La bêtise humaine venait de frapper, de souiller le sport algérien et de salir par là même l’histoire sacrée de la JS Kabylie. La fatalité s’était abattue sur le brave Ebossé, mais, au-delà de la providence macabre, il faut bien admettre que les criminels des stades étaient passés par là. Certes, l’acte n’était pas prémédité et la cible n’était guère choisie ce soir-là mais il y eut quand même mort d’homme et l’irréparable était bien consommé.
Il est certain que l’assassin du malheureux Ebossé a du dormir tranquillement ce soir-là chez lui car ne sachant peut-être pas qu’il avait tué un homme, une idole, un ange !

Des milliers de supporters kabyles (et des vrais ceux-là !) avaient alors assiégé durant toute la nuit les locaux de l’hôpital de Tizi Ouzou pour condamner un tel acte ignoble et pleurer surtout leur vedette chérie affreusement ravie à l’affection des siens, et à la fleur de l’âge. Les joueurs, tout comme les dirigeants de la JSK, étaient atterrés, inconsolables durant plusieurs jours. Les premiers éléments de l’enquête tout comme les résultats préliminaires de l’autopsie révélés au CHU Nédir-Mohamed de Tizi Ouzou convergent vers “une mort brutale provoquée par un jet de projectile contendant et tranchant ayant entraîné une hémorragie interne”. Cette thèse est confirmée par une autre autopsie effectuée à l’hôpital militaire de Aïn Naâdja où la dépouille du regretté Ebossé avait été transférée le lendemain du drame, avant son rapatriement vers son Cameroun natal. Touchée dans sa chair et sa notoriété, la JSK devait alors payer le prix fort d’une telle tragédie inoubliable car le stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou est suspendu depuis cette date maudite, et la JSK est condamnée à évoluer à huis clos loin de Tizi tout en ayant été radiée des compétitions africaines pour une longue période de deux ans ! Les sanctions sont très sévères et, paradoxe cruel, la JSK se retrouve coincée ainsi entre le marteau et l’enclume car considérée tout à la fois comme… victime et coupable !
Est-ce possible ? En attendant, l’enquête sur l’affaire Ebossé continue malheureusement de traîner en longueur, et il est certainement temps de faire toute la lumière sur cette tragédie qui a emporté à jamais le brave Ebossé que toute la Kabylie ne peut oublier du jour au lendemain !
M. H.