La Kabylie était jeudi en état de choc, après l’exécution, mercredi de l’alpiniste français Hervé Gourdel par le groupe terroriste « Djound El khilafa » qui signe ainsi son premier acte terroriste, sous la bannière de Daech. Même si l’otage est lâchement exécuté, l’impressionnant dispositif militaire n’ pas encore quitté les lieux et les opérations de recherches se poursuivaient encore jeudi, dans l’espoir de retrouver au moins le corps de la victime pour permettre à sa famille de faire le travail de deuil.
« Les camions militaires sont stationnés à plusieurs en bordure de route sur le chemin menant de Tikdjda à Aswel », nous indique un employé de l’hôtel éponyme. Par groupes, les militaire ratissent les maquis, et fouillent précautionneusement les grottes dans cette région paradisiaque, transformée par les terroristes en enfer. « Depuis le rapt, la plupart de nos clients ont quitté précipitamment l’établissement, certainement par peur » raconte encore l’employé de l’hôtel de Tikdjda pour qui ce coup « risque d’être encore fatal, alors que l’activité commençait à reprendre ici comme au bon vieux temps ».
A Bouira, les citoyens sont d’autant plus choqués que quatre des cinq accompagnateurs sont de la région. Ils ont un sentiment de culpabilité. « On se demande comment un étranger a pu venir jusqu’ici, sans que les services de sécurité ne le sachent, ce n’est pas normal. Si les services faisaient bien leur travail au lieu de fliquer les citoyens, d’écouter ce qui se raconte dans les cafés, ce drame ne se serait peut être pas produit », déplore un habitant de Saharidj qui a accepté de parler.
Ce qui n’est pas le cas de beaucoup d’autres qui préfèrent se dérober pour ne pas répondre à nos questions. Certainement par peur de représailles. La méfiance est de mise. A propos des accompagnateurs de Hervé Gourdel, quatre sont de la région et le cinquième réside à Boufarik. Parmi eux un mineur âgé de dix sept ans. « Ils sont depuis mardi soir aux mains de services de sécurité », nous ont déclaré plusieurs personnes.

De l’autre versant de la montagne qui relève de la wilaya de Tizi-Ouzou, la nouvelle de l’exécution et surtout la diffusion de la vidéo a glacé tout le monde. « C’est abominable, se révolte un élu de la commune d’Akbil dont dépend le village d’Ait Ouabane où le véhicule des six alpinistes a été retrouvé, ce sont des barbares , des zombies qui ont perdu toute humanité ». Et cet élu de dédouaner la Kabylie de cet acte infâme; « Ces fanatiques ont sali la Kabylie, car ils n’ont rien à voir avec notre région, la Kabylie est une terre d’hospitalité et d’accueil qui a toujours bien accueilli des étrangers particulièrement les français qui adorent nos montagnes, nos traditions. Les kabyles sont des gens qui aiment voyager dans le monde et qui aiment donc recevoir chez eux les étrangers ».
Un Patriote de la commune d’Akbil qui a crapahuté dans les monts de Kabylie des années durant et qui a participé à des centaines d’opération de ratissage de l’Armée dans la région reste assez dubitatif quant à la possibilité de récupérer le corps de la victime , encore moins arrêté ses assassins. « il me parait difficile de retrouver le corps, les terroristes ont dû l’enterrer et il est difficile de les retrouver car se sont des gens qui connaissent bien le terrain, la montagne c’est leur fief, ils connaissent des grottes où personne ne peut les atteindre » estime t-il.
Ce qui ne l’empêche pas de se poser de questions. « Je me demande comment ces terroristes ont pu filmer l’exécution, posséder de l’électricité pour ensuite balancer juste après la vidéo sur le Net. Pourquoi le champ n’a pas été brouillé par l’armée ? A moins que ces terroristes disposent de moyens de transmissions sophistiqués ». Autant de questions et d’autres que se posent jeudi les habitants de la région révoltés par cet acte barbare et lâche commis dans un endroit qui rime avec évasion, silence, quiétude…