La famille et la belle-famille, les neveux, les nièces et les cousins de l’ex-président tunisien Zine Al Abine Ben Ali est visée au coffre-fort. L’agence de presse gouvernementale TAP a annoncé mercredi 19 janvier que la justice avait ouvert une enquête sur lui et son entourage pour acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers et placements financiers illicites à l’étranger, ainsi que pour possession de comptes bancaires à l’étranger et exportation illégale de devises.
Sont visés par cette enquête Zine el Abidine ben Ali et son épouse Leïla Ben Ali, exilés en Arabie Saoudite, les gendres du président déchu Belhassen Trabelsi et Mohamed Sakhr Matri, gendre de Ben Ali ainsi que les autres frères et gendres de l’ex-Première dame de Tunisie, ses neveux et nièces, et tous ceux dont l’enquête prouvera l’implication dans ces délits.
Mohamed Sakr Materi est également visé à travers sa banque, la Zitouna, qui a été placée sous la supervision et le contrôle de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et pourrait être nationalisée à l’issue d’une enquête sur son financement, selon la TAP.
De son côté, la Suisse a gelé les avoirs de M. Ben Ali et de son entourage -ainsi que de ceux du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, qui refuse de céder la place à son successeur élu reconnu par la communauté internationale. Le gel va s’appliquer durant trois ans, ce qui devrait donner le temps à la Tunisie et à la Côte d’Ivoire de mener à bien des procédures pénales contre leurs anciens dirigeants pour réclamer l’argent.
Fin 2009, les avoirs tunisiens se montaient à 621 millions de francs suisses (482 millions d’euros) mais on ignore la part de l’ex-président et de ses proches. Il y a des « indices » de l’existence de tels fonds, a déclaré la présidente de la Confédération, Micheline Calmy-Rey.
A Berlin, un responsable allemand a affirmé que l’Union européenne travaillait sur une position commune ou des propositions concrètes pour la Tunisie qui pourraient inclure une disposition concernant les avoirs Ben Ali en Europe.
La France a fait savoir samedi qu’elle avait pris « les dispositions nécessaires pour que les mouvements financiers suspects concernant des avoirs financiers en France soient bloqués administrativement ». Trois associations ont déposé plainte pour corruption mercredi à Paris contre l’ancien président tunisien et son entourage notamment pour corruption, selon l’une d’elles, Sherpa.
Par ailleurs, la note de solvabilité des investissements dans les bons du Trésor tunisiens a été rétrogradée par l’agence de notation financière Moody’s, qui invoque des « incertitudes importantes » sur l’avenir économique et politique du pays.