Le président Bouteflika a mis de l’eau à la bouche à l’opposition en révélant quelques pistes du chantier constitutionnel qu’il s’apprête à rendre public dans les prochains jours.
En plus de la mise en place d’une commission nationale indépendante chargée d’organiser et de contrôler toutes les élections (communales, législatives et présidentielles) une première pour le pays, il a également indiqué qu’il veillerait à rendre à la justice son indépendance et sa pertinence dans le traitement des affaires publiques.
Ce qui en soit demeure une avancée démocratique majeure pour le pays sachant pertinemment et comme il l’a sous entendue que la justice n’a jamais été jusque-là au service du citoyen mais au service exclusive du plus fort et-ce depuis l’indépendance du pays en 1962.
Mais pourquoi diantre la réforme de la justice, un des piliers de l’Etat de droit n’a jamais vu le jour depuis son accession au pouvoir en 1999 ? Si on peut justifier son peu d’engouement pour la création d’une structure indépendante pour le contrôle des élections, le retard qu’il a pris pour rendre à la justice son indépendance a de quoi étonner. En effet, les textes ont pris du retard sur la réalité.
Le travail titanesque réalisé en début de la première mandature par feu Mohand Issad couronné par un rapport de la commission nationale de réforme de la justice a été vite oublié et mis au placard durant plus d’une dizaine d’années. La commission Issad a soumis des propositions qui n’ont pas été toutes mises en application sauf quelques-unes de moindre importance.
D’une façon générale, la justice ne fonctionne pas selon les normes universelles. Une analyse, avec les praticiens du droit, conduit à dire qu’il y a une réforme à faire, pour le fonctionnement, dans l’intérêt du justiciable, et en termes d’indépendance vis-à-vis du pouvoir politique.
C’est dans l’intérêt du justiciable d’avoir une justice indépendante du pouvoir politique, notamment dans les nominations des juges. D’un autre côté, le citoyen a le droit de mieux comprendre le système judiciaire. Au niveau pédagogique, le monde judiciaire a intérêt à mieux communiquer et à lever les incompréhensions qui brouillent et polluent l’atmosphère.
Des partis saluent la mise en place de la commission nationale indépendante chargée des élections
Plusieurs partis politiques ont commenté l’annonce par le président Bouteflika, du projet de révision constitutionnelle notamment en ce qui concerne la mise en place d’un mécanisme indépendant de surveillance des élections et l’élargissement du rôle de l’opposition parlementaire. Le SG du FLN, Amar Saadani a estimé que les « partis politiques doivent se mettre d’accord sur la composante et le rôle de la commission indépendante de surveillance des élections ».
Il a assuré que son parti était pour la « présence de personnalités indépendantes, de représentants de partis politiques et de la société civile dans la composante de la commission ». Le porte-parole du RND, Seddik Chihab a estimé que l’instauration d’un mécanisme indépendant de surveillance des élections constitue un acquis précieux de la démocratie en Algérie, a-t-il dit, ajoutant que sa composante « est soumise au débat et à l’enrichissement par tous ».
De son coté, Smail Saïdani, membre dirigeant du parti Jil Jadid de Soufiane Djilali estime pour sa que la décision du président Bouteflika d’instaurer un mécanisme indépendant de surveillance des élections « constitue un acquis » qui permettra de concrétiser la démocratie et d’organiser des élections « intègres où la décision revient au peuple ».
Pour sa part, le président du Front de l’Algérie nouvelle (FAN), Djamel Benabdessalem estime que son aboutissement exige « une volonté politique des autorités d’organiser des élections libres et intègres », soulignant que ce mécanisme doit être « indépendant de l’administration et des partis politiques ».
Le président du MSP, Abderzak Mokri, a précisé sur sa page Faceboock que l’annonce de la mise en place d’un mécanisme indépendant de surveillance des élections « prouve que le président de la République a pris connaissance des revendications de l’opposition » ajoutant que l’une des revendications de l’opposition consistait en la mise en place d’une « instance indépendante permanente qui prenne en charge tout le processus électoral ».