« La judaïsation d’El Qods est une menace pour la paix » soulignent des intervenants au colloque de Paris

« La judaïsation d’El Qods est une menace pour la paix » soulignent des intervenants au colloque de Paris
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Les intervenants au colloque international sur El Qods, ouvert jeudi à Paris, ont souligné le danger que constitue pour le processus de paix la volonté de judaïsation de cette Ville Sainte affichée par le gouvernement de Netanyahou.

L’avenir d’El Qods, actuellement sous les feux de l’actualité, est source de préoccupation et d’inquiétude des différents responsables qui se sont succédé à l’ouverture du Colloque, organisé à l’IMA, par l’organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (Alesco).



Elias Sanbar, Ambassadeur et observateur permanent de Palestine à l’Unesco, a estimé que « cette rencontre hautement scientifique et universitaire ne doit pas cacher un enjeu politique relatif au statut et à la souveraineté d’El Qods-Est, capitale du futur Etat palestinien indépendant ».

Pour lui, la question du devenir de la Ville Sainte « se pose avec acuité » et « il faut régler de toute urgence la question de son statut car il y va de l’avenir de la paix et de la question palestinienne ».

Mme Hind Khouri, l’ambassadrice de l’autorité palestinienne en France a également appelé la communauté internationale, les Etats-Unis et l’UE « à peser de tout leur poids » pour contraindre Israël à cesser ses provocations sur l’Esplanade des mosquées, la colonisation de la Ville Sainte et les exactions commises contre les populations palestiniennes de la ville.

« 200.000 colons juifs se sont installés dans la ville alors que 17.000 palestiniens se sont trouvés contraints à quitter El Qods après avoir été dépossédés de leur permis de résidence. La démolition de quartiers entiers se poursuit et les terres laissées aux palestiniens se réduisent de jour en jour », a-t-elle indiqué, tout en soulignant « le processus de dés-arabisation » de la Ville Sainte.

 » Les israéliens veulent faire disparaître le caractère arabe et musulman de la ville », a fait rappeler Mme Khouri. Nassef Hiti, directeur de la mission de la Ligue arabe en France et auprès de l’Unesco, a rappelé, pour sa part, que la Ville Sainte « subit des défigurations géographiques, historiques, culturelles, architecturales et socioéconomiques » estimant que « le statut d’El Qods n’est pas seulement d’ordre religieux mais surtout et avant tout politique.

Ce statut est l’essence même de la création de l’Etat palestinien ». Dans ce sens, il a rappelé le plan de paix arabe adopté en 2002 à Beyrouth et l’attachement de tous les pays arabes à la création de l’Etat palestinien libre et indépendant avec comme capitale El Qods.

Le DG de l’Alesco, Mohamed El-Aziz Benachour, a souligné le danger que représente « l’instrumentalisation du sacré par le politique » comme le montrent les différentes provocations de l’administration israélienne.

« Il est inadmissible que l’on s’acharne, au nom d’une politique, voire d’un programme gouvernemental, à exacerber le sentiment religieux afin de dénier à l’adversaire toute légitimité en prenant appui sur le sacré », a-t-il estimé.

Mohamed Benachour a exprimé « sa préoccupation au plus haut point », devant « l’acharnement des autorités israéliennes, renforcé par le fanatisme de certaines associations de colons, à aller jusqu’au point de non retour en matière de dé-palestinisation ».

Pour lui, les projets de judaïsation de la Ville Sainte « relèvent d’une entreprise d’effacement de l’identité palestinienne ».

« Confisquer le patrimoine matériel et immatériel d’El Qods et de la Palestine bloque toute issue vers une paix juste, c’est-à-dire respectueuse de l’identité arabe de la Palestine, mais si elle se poursuit et s’accélère, elle risque de jeter tout un peuple dans le radicalisme politique et l’extrémisme religieux », a-t-il estimé.

Ce colloque intitulé « ElQods une cité, une culture, un destin », s’articule sur trois problématiques : « Une histoire, un patrimoine », « Une société qui résiste et persiste » et « Quel avenir pour ElQods ? ».

Des historiens, archéologues, architectes, sociologues et écrivains ont été conviés à débattre de ces sujets au cours de cette rencontre de deux jours.