La hausse des prix de l’essence«chauffe» le royaume, Le Maroc en ébullition

La hausse des prix de l’essence«chauffe» le royaume, Le Maroc en ébullition

Tous les moyens sont bons pour s’approvisionner en carburant

La décision du gouvernement marocain combinée à celles prises par les autorités algériennes pour mettre fin à la contrebande du carburant sont à l’origine de cette colère.

Le carburant chauffe à blanc les Marocains. Le chef du gouvernement islamiste Abdelilah Benkirane qui n’a pas encore réussi à trouver un nouvel allié pour former une nouvelle coalition après que l’Istiqlal (seconde force politique du pays) ait claqué la porte de l’Exécutif doit faire face à une grogne sociale sans précédent.

Une grève générale des transporteurs d’une durée de 72 heures, à partir de lundi dernier, a été décidée pour protester contre l’annonce par le gouvernement d’augmenter les prix du carburant. Une décision entrée en vigueur depuis une dizaine de jours. Elle a provoqué une hausse de 5 à 8% des prix à la pompe. Et la colère des Marocains.

La goutte qui a probablement fait déborder le vase. Les syndicats sont montés au créneau et leur mouvement est en puissance. 11 organisations et fédérations du secteur des transports ont décrété une grève nationale de trois jours (depuis le 23 septembre, Ndlr). «Bus, autocars, camions, taxis, même la CTM et Trans Ghazala répondront à cette grève nationale», assure le secrétaire national de la Fédération nationale des syndicats des patrons du transport public routier au Maroc (Fnstram), Ahmed Alem. Des milliers de personnes ont également crié leur colère dans les rues de Casablanca. «Nous manifestons contre les produits qui deviennent trop chers, le lait, la viande, et maintenant l’essence…», a déclaré un manifestant.

Le mouvement est en train de faire tâche d’huile à travers l’ensemble du royaume. Une crise qui se pressentait après que l’Algérie ait pris à bras-le-corps le phénomène des «hallaba»: ces trafiquants d’essence qui sévissaient à sa frontière Ouest et qui lui occasionnaient des pertes financières considérables. «Nous avons 1,5 milliard de litres qui sortent du pays d’une manière illégale. Cela représente une perte d’un milliard de dinars», avait déclaré, le 22 juillet à El Oued, le ministre de l’Energie, Youcef Yousfi. De quoi faire tourner 600.000 véhicules. Une semaine auparavant, le 14 juillet, l’ex-ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, avait indiqué que près de 25% de la production nationale de carburant «sont exportés illégalement» vers les pays voisins.

Le carburant pompé puis acheminé des stations-service des wilayas de l’Ouest algérien frontalières avec le Maroc, s’y vendait au noir à moitié prix (4 dirhams le litre au lieu de 8,4 dirhams). Un business qui s’est enraciné dans les grandes villes du Maroc: Rabat, Meknès… «Il existe à Fès des entrepôts quasi officiels de carburants de contrebande et certains souks offrent des rendez-vous hebdomadaires pour se ravitailler, au vu et su de tout le monde», a confié le président du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM), Adil Ziady au premier quotidien économique marocain L’Economiste.

Les initiatives des autorités algériennes ont rapidement produit leurs effets. La pénurie du carburant de contrebande provenant de l’Algérie pousse les usagers vers les stations-service. L’affluence est telle que les stocks de ces dernières étaient épuisés en début d’après-midi ce jeudi (15 août, Ndlr)» ont rapporté certains médias marocains. La disparition de cette économie informelle qui assurait la paix sociale au royaume a fini par le mettre sur une véritable poudrière.