Le hashtag « Balance Ton Harceleur » explose sur TikTok : les Algériennes brisent le silence !

Le hashtag « Balance Ton Harceleur » explose sur TikTok : les Algériennes brisent le silence !

En Algérie, le harcèlement de rue reste un fléau tenace. Regards insistants, insultes, poursuites, voire agressions physiques… Pour de nombreuses femmes, chaque sortie dans l’espace public s’apparente à un combat.

Cependant, depuis quelques jours, une tendance TikTok déferle en Algérie et bouscule les lignes. Sous des hashtags comme #BalanceTonHarceleur ou #BnatBladi, des Algériennes brisent le silence ! Elles filment leurs harceleurs, et diffusent les vidéos sur les réseaux sociaux.

Dans ces séquences, souvent tournées à la volée, on voit de tout. Des gestes obscènes dans les transports en commun, des quinquagénaires au volant qui interpellent lourdement, des hommes oppressants dans la rue…

Toutefois, derrière cette libération salutaire de la parole se profile une réalité juridique stricte. Car si la méthode fait mouche, elle se heurte frontalement à la loi algérienne qui interdit strictement de filmer ou diffuser l’image d’une personne sans son consentement. Un paradoxe qui place les victimes devant un dilemme cornélien, se taire par respect de la loi, ou parler au risque de l’enfreindre ?

Harcèlement de rue en Algérie : les femmes brisent le silence et exposent les agresseurs sur TikTok

Les vidéos sont très souvent montées sur la chanson « Labour » de Paris Paloma, une bande-son au rythme lancinant devenue presque emblématique de cette tendance. En effet, ce morceau martèle un rythme répétitif et oppressant, mimant le sentiment d’étouffement vécu par les victimes.

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En quelques jours, des centaines de vidéos ont été publiées sur TikTok, majoritairement dans les grandes villes du pays. Elles montrent des hommes importunant des femmes, parfois même tentant un contact physique, souvent avec insistance, parfois avec violence. Ces contenus choquent, mais rassemblent également.

Loin des polémiques habituelles sur les mouvements féministes, cette « trend » reçoit un soutien transversal. Des internautes, hommes et femmes confondus, saluent l’initiative, la partagent et l’encouragent. Des vidéos de soutien fleurissent ! Et certains s’adressent directement aux femmes qui filment, en déclarant « Ce que vous faites est important. Continuez. »

La loi algérienne, une épée de Damoclès au-dessus des dénonciatrices

Cependant, cette adhésion populaire soulève une question cruciale. Où se situe la frontière entre la légitime dénonciation et le tribunal populaire numérique ?

Cette forme de dénonciation publique est certes audacieuse, mais elle se heurte à la législation en vigueur. En effet, sur le plan légal, la ligne est claire ! Filmer une personne sans son consentement, puis diffuser la vidéo, constitue une infraction en Algérie.

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Le Code pénal prévoit des sanctions incluant des amendes et pouvant aller jusqu’à une peine de prison, en cas d’atteinte à la vie privée.

Cela dit, le paradoxe est saisissant, là où les plaintes pour harcèlement sont souvent classées sans suite, les victimes s’exposent à des poursuites lorsqu’elles documentent elles-mêmes les faits et les diffusent…