La Harga par la Grèce : Témoignage d’un clandestin algérien

La Harga par la Grèce : Témoignage d’un clandestin algérien

Parmi les centaines de migrants clandestins bloqués dans les montagnes de Lojane du Nord de la Macédoine figurent des algériens qui par la filière de l’immigration clandestine grecque projetaient d’atteindre l’Europe occidentale.

De Constantine à Lojane

Kiko, étudiant natif de Constantine en première année biologie, est parmi ces jeunes algériens qui se trouvent dans cette zone de passage vers la Serbie et l’Union européenne. Il voulait aider sa mère et son frère en entreprenant ce voyage à la quête d’une vie meilleure.

Le témoignage fait aux journalistes de la Radio France International (RFI) est poignant. Parti depuis quatre mois en transitant par la Turquie avant d’atteindre la Grèce en payant cher pour un réseau de passeurs.

200 km de marche à pied

Il a marché depuis Gevgelia (Macédoine) jusqu’à Lojane soit 200 kilomètres en dix jours en avançant la nuit et contournant les agglomérations échappant ainsi à la police. Il a confié que « il faut toujours se déplacer en cachette. Comment faire autrement ? Nous n’avons pas de passeport, nous sommes clandestins. Une fois, j’ai demandé de l’eau dans une ferme isolée, l’homme a appelé la police ».

Avant de franchir la frontière macédonienne, Kiko a passé plusieurs mois en Grèce, vivant de petits boulots pour pouvoir manger. « Les policiers grecs, ce sont les pires, ils m’ont pris tout mon argent » , affirme le jeune homme, « j’ai été condamné à un an de sursis pour un crime que je n’avais pas commis, j’ai été battu ».

Plusieurs fois arrêté, Kiko a passé plusieurs semaines en prison, à quinze dans une cellule. Il a révélé que « quand les gardes savaient qu’une ONG venait visiter la prison, nous étions transférés dans d’autres villes, dans le nord du pays ».

Fiché en Grèce, Kiko est sommé de quitter le territoire grec et l’espace Schengen dans les trente jours. Mais il a expliqué que du fait que « toutes les formalités administratives sont en grec, personne ne t’explique rien, ils ont juste envie que les gens s’enfuient« .

Avant de gagner la Macédoine, Kiko a essayé à trois reprises de passer en Albanie, il a toujours été refoulé. Une fois arrivé à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, le jeune Constantinois de 23 ans a rencontre deux algériens se trouvant dans la même situation que la sienne avec qu’il a noué amitié.

3 à 5 euros la nuit

Kiko voulait regagner la Norvège ou la France. Selon Kiko à Lojane pour passer la nuit, il faut débourser 3 à 5 euros dans une maison vide en attendant de réussir à atteindre la Hongrie.

Depuis la Macédoine, beaucoup de migrants cherchent aussi à gagner le Kosovo, puis le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine et la Croatie. Kiko possède la carte de ces itinéraires de rechange.

Le repas de Kiko et de ses amis, comme d’ailleurs pour les autres clandestins quand ils peuvent se le payer, se limite à des tomates et quelques poivrons. Selon RFI ce jeune algérien aurait réussi à passer au Kosovo quelques jours après ces confessions. Il l’a annoncé sur sa page Facebook.