Chacun dans son coin caresse le rêve de devenir le Tayyip Erdogan de l’Algérie.
Le projet ou le plan islamiste est désormais en marche, croient savoir certains. C’est une controverse ou polémique pour d’autres. Minés par des conflits internes, piégés par les guéguerres de zaâma (leadership), les partis islamistes présents sur la scène politique ont perdu du terrain et de leur aura. Dès lors, la stratégie de conquête du pouvoir des islamistes algériens n’est pas près de s’enclencher. On n’a pas cessé de multiplier les initiatives, en vain.
L’opportunité de régner sans partage est-elle réelle? Opportunisme, entrisme, déviation, affairisme et par-dessus tout le leadership, ne peuvent rendre leur unité des rangs inspirée de différents courants et partis islamistes que plus difficile. Chacun dans son coin caresse le rêve de devenir le Tayyip Erdogan dd l’Algérie. Malgré l’échec des initiatives de réunification des partis disloqués, l’intermédiation passe à un niveau supérieur. Fera-t-elle menée à bon port? La tâche est encore des plus ardues.
La toute dernière initiative de ce genre est celle menée par les leaders d’En Nahda et El Islah et Abdellah Djaballah pour ressusciter En Nahda historique, selon Mohamed Boulahia, ex-président d’El Islah. Cette initiative ne s’est pas soldée par le consensus escompté car chacun campe sur ses positions «personnelles», selon lui «quand la bonne foi vient à manquer, l’unité des rangs est forcément vouée à l’échec».
L’autre médiation ayant pour but de rassembler les deux ailes du MSP, est encore tombée à l’eau.
«Les initiatives de faire bloc unique avec tous les partis et courants du mouvement islamiste sont les bienvenues d’autant plus, dit-il que, la situation est très critique et les foyers de tension s’allument un peu partout.»
L’ex-responsable d’El Islah ne voit pas dans la multiplication des courants (salafiste, wahhâbite, malékite ou hanafite et autres Frères musulmans) un frein pour l’union des rangs pour la simple raison qu’il n’ y a pas entre eux des «différences de fond». Passant à un niveau plus large, les exégètes de la mouvance n’ont pas manqué de lancer une autre initiative en parallèle. Ce dessein de faire naître une large alliance électorale en vue de présenter des listes communes lors des législatives du printemps est chapeauté par un groupe de chouyoukh de la mouvance dont le Dr Ahmed Benmouhamed, ex-ministre de l’Education nationale sous le défunt président de la République, Mohamed Boudiaf, selon Boulahia.
Contacté hier, Djamel Benabdeslam, l’ex-secrétaire général d’El-Islah, en attente d’agrément de son nouveau parti, a affirmé qu’ «il était approché, en vue d’une alliance électorale, par Azedinne Djrafa, un des membres du groupe des personnalités».
L’effet psychologique du triomphe de leurs pairs en Tunisie, Egypte, Libye et le Maroc, les similitudes entre les situations sociologiques et politiques ne semblent pas avoir assez d’influence pour retourner la situation en leur faveur.
Les partis islamistes dans leur majorité connaissent des dissidences internes. A propos de cette perspective que représente cette mouvance, l’ex-chef de gouvernement, Ahmed Benbitour qui a tenté de rallier des islamistes à son initiative, indique que cela relève de «spéculations de salon». Avec le système de listes par wilaya, autrement dit le mode proportionnel, «l’essentiel des députés est choisi avant l’opération de vote. Mais plus que tout cela, la Constitution algérienne n’oblige pas le chef de l’Etat à choisir le gouvernement à l’intérieur de la majorité parlementaire», précise-t-il.
Après le fameux «comité d’accueil des exilés de l’ex-FIS dissous» du groupe de Hicham Aboud, qu’aurait repris Adda Felahi, conseiller auprès du ministre des Affaires religieuses, et ex-député d´En Nahda, d’autres initiatives s’en sont suivies.
L’alliance des partis politiques qui ont en partage «les mêmes convictions» s’avère nécessaire a déclaré récemment le secrétaire général du mouvement En Nahda, Fateh Rebaï. Pour Louisa Hanoune, «la donne a complètement changé en Algérie, il n’y a qu’à se référer aux déclarations faites par l’ex-numéro deux du parti dissous qui a affirmé que les islamistes ne prendront jamais le pouvoir en Algérie».