La guerre contre le commerce informel s’essouffle et les étals sont revenus occuper l’espace public Simple trêve ou véritable recul de la force publique ?

La guerre contre le commerce informel s’essouffle et les étals sont revenus occuper l’espace public Simple trêve ou véritable recul de la force publique ?

Timidement, le commerce informel est en train de reprendre la main et de réinvestir les lieux d’où il a été chassé.

On serait tenté de croire qu’il ne s’agit là que d’un moratoire observé dans la guerre, qu’on a présenté comme sans merci contre le squat de la voie publique. On serait tenté aussi de croire qu’il ne s’agit que d’une trêve spéciale Aïd et que la guerre reprendra, une fois les derniers fumets du melfouf estompés.

Mais au train où vont les choses, et où va l’évolution de la situation politique du pays, on pourrait affirmer que la lutte contre le commerce informel va se conjuguer désormais au passé, tout comme les précédentes campagnes d’assainissement qui ont jalonné l’histoire de l’Algérie indépendante.

Pour comprendre un peu ce recul, il faudrait s’appesantir sur l’actualité du pays et de la wilaya. On avait annoncé à grands cors qu’aucun site ne sera épargné et que force restera à la loi. On avait annoncé que les marchés de M’dina J’dida et de la rue des Aurès (ex-Bastille) allaient être assainis. Mais ces assurances ont fondu, allez savoir pourquoi ?

Les bulldozers ne sont pas allés à l’assaut de ces espaces pour des raisons qui échappent au citoyen moyen qui a crû que l’Etat reprenait en main la situation et ses prérogatives de force garante du respect de l’ordre et de la loi. Purée de nous autres, et dire que dans certains cercles, on affirme que la lutte contre le commerce informel n’était qu’un coup d’épée dans l’eau, qui allait perdre de sa vigueur quand approchera la campagne pour les élections locales et l’Aïd.

Finalement, ils n’ont pas tort ceux qui pensent ainsi. Ils n’ont pas tort dans la mesure où la réalité de cette guerre contre l’informel est en train de s’émousser pour devenir une «drôle de guerre», où il n’y aura ni vainqueur ni vaincu.

Allez voir comment les commerçants du marché de Gambetta sont revenus occuper les lieux et quelles mines ils affichent, depuis leur victoire à reculons.

Les marchands de M’dina J’dida continuent de vaquer allégrement à leurs activités, sans qu’ils ne soient inquiétés. Le raz-de-marée annoncé et qu’on prédisait comme salutaire, aussi bien pour l’économie nationale que pour la santé publique, n’a été finalement que le plouf d’un pétard mouillé.

On s’est contenté de quelques sites savamment choisis, mais on a soigneusement évité ceux qui pourraient être problématiques. Les commerçants de la rue Maupas peuvent vendre à leur guise des produits impropres à la consommation, sans avoir à être inquiétés par un contrôleur des prix ou par un élu venu les sensibiliser sur la nécessité de déguerpir. Ils peuvent sévir et leurs affaires ne feront que prospérer.

Les bilans transmis quotidiennement aux rédactions par la cellule de communication de la mairie d’Oran, ressemblent étrangement aux rapports éthérés, assainis, et formatés de CNN lors de la première guerre du Golfe.

Ce sont des tonnes d’ordures enlevées quotidiennement, des centaines de marquises et d’étals démantelés. Mais en réalité, la guerre n’a abouti à rien, puisque le commerce informel est revenu fleurir sur les trottoirs. Le butin de cette guerre est virtuel, tout comme l’est, apparemment, la volonté d’en finir avec les menaces qui pèsent sur l’économie nationale et la santé publique, et vogue la galère…

Nazym B.