La grève menace l’examen du baccalauréat et du BEM

La grève menace l’examen du baccalauréat et du BEM
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A l’approche des épreuves du baccalauréat et du brevet de l’enseignement moyen, le mouvement des enseignants risque de se durcir si le gouvernement n’accédait pas à leurs demandes. Ce dernier, qui fait la sourde oreille, tente de rassurer les élèves, très inquiets, en annonçant que les sujets ne porteraient que sur les cours dispensés.

Depuis le 2 mai, les classes de terminale ont cessé les cours pour laisser place aux révisions en vue de l’examen du baccalauréat dont la date a été fixée au 2 juin prochain. Dans moins d’une vingtaine de jours, en principe, si la grève annoncée n’est pas confirmée, 566.694 candidats, dont 69% scolarisés et 31% libres, iront plancher sur les premières épreuves. A lui seul, le mot «épreuve», qui vient du latin «probare», voulant dire, à la fois, éprouver, prouver et approuver, donne aux candidats, même les plus sûrs, des sueurs froides. Parmi les candidats scolarisés, 60,45% sont des filles. Elles sont 45% à se présenter librement. L’année 2013 enregistre une augmentation de candidats d’environ 0,0117% par rapport à l’année précédente.

Premier grade universitaire, le baccalauréat est obligatoire pour entamer des études supérieures à l’université. Pour un peu plus d’un demi million de nos jeunes, cet examen qu’ils auront préparé durant une année scolaire déterminera leur avenir. En tout cas, ce diplôme est une clef, le sésame qui ouvre la voie, avec une bonne moyenne, aux concours des grandes écoles. C’est dire que pour les jeunes qui rêvent – et ont travaillé pour réaliser leur rêve – d’intégrer une grande école les préparant aux technologies de demain et à poursuivre leur formation dans les plus prestigieux instituts ou universités du monde, comme le Massachusetts Institute of Technology et Harvard.

40 à 60% d’échec au baccalauréat

Les candidats appréhendent plus particulièrement cet examen dont les taux de réussite sont souvent faibles voire très faibles. L’année dernière, ce taux s’élevait à 58,84%, en 2011 à 62%, en 2010 à 61% et en 2009 à 45%. Dans tous les cas, c’est entre 40 et 60% d’une classe d’âge qui se retrouvent sans diplôme, sans perspective d’avoir un métier qualifié. Ainsi, 200.000 à 300.000 jeunes rejoignent chaque année les millions d’autres au chômage. Les jeunes algériens de moins de 30 ans dont le nombre est d’une douzaine de millions, diplômés ou non, constituent 70% des 1.070.000 chômeurs reconnus officiellement. C’est énorme et cela ne peut être, à terme, qu’explosif. Evidemment, le nombre des chômeurs est bien plus supérieur, un très grand nombre de jeunes ne sont pas inscrits parmi cette catégorie parce qu’ils sont utilisés par le secteur informel, jouant, ainsi, le rôle social de soupape de sécurité.

Comme les précédentes, cette année scolaire a été très perturbée par les mouvements sociaux et les grèves du personnel de l’Education pour des raisons salariales et statutaires, pénalisant, il faut le dire, les élèves, notamment de terminale, qui n’auront étudié qu’au plus 50% du programme de l’année. Le ministère de l’Education nationale assure que « les sujets d’examen porteront sur les cours effectivement dispensés aux élèves », ce qui, assurément, entache la crédibilité du diplôme du baccalauréat et le déprécie. D’autant que l’approche par compétences destinée à juger les connaissances des candidats, « ne sera pas appliquée durant cette session ».

Le baccalauréat va-t-il alors être octroyé avec des notes bien en dessous de la moyenne à un maximum d’élèves pour prévenir les contestations qui ne manqueront pas de surgir. Encore une fois, il est porté à l’enseignement algérien, déjà très dévalué, un coup extrêmement sévère dont les principales victimes sont des jeunes qui n’aspirent qu’à réussir.

L’examen du Bac et du BEM n’aurait peut-être pas lieu

Très inquiets, les élèves qui ne savent pas à quel saint se vouer ne sont même pas sûrs de passer cet examen tant la menace d’un durcissement du mouvement social des enseignants est prise au sérieux, si un accord n’était pas trouvé, d’ici, la tenue des examens. Les professeurs boycotteraient les épreuves du Baccalauréat, du Brevet de l’enseignement moyen et n’établiraient pas les bulletins scolaires du 3ème trimestre. Les enseignants accusent le ministère de l’Education nationale de demeurer sourd à leurs doléances pour débloquer la situation et de pratiquer « la politique de la fuite en avant », rendant, par son attitude, le conflit inextricable, selon eux.

Le gouvernement qui fait face à de multiples mouvements sociaux, aussi durs les uns que les autres, notamment celui des chômeurs qui prend une dimension géopolitique, ne semble pas vouloir changer sa position, demeurant inflexible aux revendications des enseignants. Le dossier du statut particulier que ces derniers réclament, est clos pour le ministère de l’Education nationale. Pour lui, en effet, ce dossier « n’est pas d’actualité. »

En attendant que cette situation se dénoue, les élèves dont l’avenir est peut-être compromis redoutent une année blanche.

Brahim Younessi