La grève illimitée des anesthésistes se poursuit,2500 interventions annulées quotidiennement

La grève illimitée des anesthésistes se poursuit,2500 interventions annulées quotidiennement

La grève illimitée déclenchée par la corporation des anesthésistes se poursuit. Elle entame sa troisième semaine. Les conséquences lourdes de ce débrayage sont supportées par les malades en l’absence d’une réaction de la part du ministère de la Santé visant à répondre aux revendications des protestataires.

Les blocs opératoires connaissent une paralysie presque totale. Seules les interventions à caractère urgent sont assurées pour les patients hospitalisés. Le nombre d’interventions chirurgicales annulées au niveau national s’élève à plus de 2500 par jour. Un chiffre très inquiétant qui renseigne sur la gravité de la situation qui prévaut au niveau des hôpitaux.

«Nous sommes désolés et très mal à l’aise d’établir ce constat. C’est le malade qui subit les conséquences de ce mouvement. C’est vraiment regrettable», a souligné Mohamed Asselah, membre du collectif des anesthésistes et de la commission statut. Le syndicaliste fait état d’un manque flagrant de médecins anesthésistes, ce qui complique davantage la mission de rattrapage du programme froid au sein des hôpitaux.

«Le mutisme de la tutelle à l’origine de la radicalisation du mouvement»

Notre interlocuteur affirme que la radicalisation du mouvement de protestation des anesthésistes a été décidée suite au mutisme observé par la tutelle. «Nous aurions aimé que la grève s’arrête au bout de trois ou quatre jours.

Nous avions l’espoir que le ministère réagisse et nous convoque à une réunion, mais c’est le contraire qui s’est produit. Ni le ministère ni les responsables au niveau des hôpitaux n’ont réagi à ce mouvement. Tout le monde s’en fout et ça donne cette situation catastrophique au sein des hôpitaux, pénalisant doublement les malades. L’absence de réaction des autorités nous pousse à nous poser des questions sur la politique de la santé en Algérie», a-t-il indiqué.

Pour faire entendre sa voix, le collectif des anesthésistes organise demain un sit-in devant le ministère de la Santé et des Réformes hospitalières à Alger. Une action visant à faire sortir les responsables de ce département de leur mutisme. «Nous sommes prêts au dialogue, pour peu qu’on nous appelle et qu’on accepte d’exposer nos idées ouvertement», a souligné M. Asselah.

Aucun écho des résultats des travaux sur le statut

A travers ce débrayage, les anesthésistes revendiquent la promulgation de leur statut particulier et la sécurisation de ces professionnels de la santé. M. Asselah estime que les commissions installées au niveau du ministère pour émettre des propositions sur le contenu du statut ont finalisé leurs travaux mais aucune suite n’a été donnée à ce travail à ce jour. «Nous voulons connaître la mouture finale de ce projet qui définit nos droits socioprofessionnels.

Ce statut va nous permettre de nous distinguer des autres catégories du corps de la santé», souligne M. Asselah. Il relève la croissance des poursuites judiciaires à l’encontre des anesthésistes, ce qui nécessite une protection judiciaire qui leur permet d’exercer en toute sécurité.

«Les anesthésistes travaillent dans l’illégalité totale en l’absence de ce type de textes réglementaires qui définissent les limites de responsabilité de chacun des intervenants. Il faut que ce soit clair, l’anesthésiste-réanimateur n’est pas le chirurgien et n’agit que sur son orientation», a-t-il expliqué. Les anesthésistes ne comptent pas faire marche arrière et sont déterminés, plus que jamais, à arracher leurs droits.

Par Nouria Bourihane