La nouvelle est tombée tel un couperet. Hand Slimana dit Hidouche, âgé de 48 ans, est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi dans une clinique privée à Tizi Ouzou des suites des blessures causées par les balles qui l’ont touché dans un faux barrage dressé lundi vers 22h au lieudit Bouhlalou, sur la route menant d’Aghribs à Azazga, au nord-est de Tizi Ouzou, par un groupe armé.
La victime, entrepreneur en travaux publics, accompagnée de son cousin, enlevé par les éléments du groupe, a reçu plusieurs balles. Il a été transféré par les citoyens d’Aghribs vers l’hôpital d’Azazga, avant d’être transféré de nouveau vers la clinique où il a rendu son dernier souffle alors qu’il était plongé dans un profond coma.
La nouvelle de sa mort, intervenue à la veille d’une importante action qui devait se dérouler aujourd’hui à Fréha, a jeté l’émoi au sein de toute la population des Ath Djennad.
La victime sera enterrée aujourd’hui au cimetière de son village natal, Imekhlaf. Les deux victimes ont tenté de prendre la fuite à la vue du faux barrage, mais les terroristes ne leur ont laissé aucune chance puisque leur véhicule a essuyé des rafales d’arme automatique avant de s’immobiliser. Hand Slimana, grièvement blessé, a été laissé sur place par les terroristes qui ont kidnappé son cousin. Le véhicule a été retrouvé abandonné quelques heures plus tard près d’El Kahra, bourgade située dans la commune de Fréha.
Le décès de Hand Slimana a donc conduit les membres de la cellule de crise mise en place suite à ce douloureux événement à annuler la grève et la marche prévues aujourd’hui à Fréha pour exiger une nouvelle fois la libération sans conditions de Omar S. Cette action est reportée à une date qui sera arrêtée ultérieurement. Nous avons appris que cette annulation est dictée par le souci d’éviter tout débordement puisqu’elle coïncide avec l’enterrement.
Mais ce n’est que partie remise, nous a-t-on faits avoir. Ainsi donc, la population des Ath Djennad refuse d’abdiquer et est décidée à poursuivre la mobilisation qui ne cesse d’aller crescendo. Et pour cause, dès l’annonce de l’enlèvement, une cellule de crise a été mise en place au niveau du village de la victime Imekhlaf pour suivre de près la situation. Le lendemain des faits, une caravane a sillonné les maquis environnants.
A l’aide de mégaphones, les citoyens de cette région ont appelé les ravisseurs à libérer l’otage sans condition aucune, mais sans succès. Depuis, un sit-in permanent se tient devant la demeure de Omar S., en guise de soutien à sa famille. Les villageois sont allés jusqu’à renoncer au sacrifice du mouton de l’Aïd. Par ailleurs, nous ignorons si les ravisseurs avaient exigé de la famille de O. S. une rançon. Les informations distillées au compte-gouttes ont fait état d’un contact téléphonique sans plus de précisions.
Ce n’est pas la première fois que la population des Ath Djennad se mobilise pour exiger la libération d’un des siens enlevé par un groupe armé. On se souvient de cette remarquable action faite pour obtenir la libération du jeune Lounès I., âgé de 33 ans, originaire
du village Azrou, enlevé le 4 juillet par un groupe et qui a été libéré une semaine après suite à la mobilisation de la population qui a fait preuve d’un véritable sursaut citoyen et de résistance. De toutes les descentes, faux barrages, enlèvements perpétrés ces dernières années, presque à un rythme régulier, c’est la première fois qu’un civil y trouve la mort.
Par Brahim Boubchir