La grève dure depuis huit jours,Algérie Poste risque de perdre des clients

La grève dure depuis huit jours,Algérie Poste risque de perdre des clients

Le mouvement s’est élargi au reste du pays

Le directeur général d’Algérie Poste invite les travailleurs à reprendre le service.



L’intervention de Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de la Centrale syndicale Ugta, auprès du ministère de la Poste, de l’Information et de la Communication, est vaine. Sidi Saïd n’a pu mettre fin au conflit entre les travailleurs et la direction d’Algérie Poste où la grève dure depuis plus de huit jours.

Les milliers de travailleurs d’Algérie Poste campent sur leurs positions et poursuivent la grève jusqu’à la satisfaction totale de leurs revendications. La direction générale avance qu’elle n’a pas les moyens nécessaires pour répondre aux revendications des travailleurs. Elle avance un déficit de 720 millions de dinars. S’ensuit la confusion totale.

Sur le volet syndical, Mohamed Tchoulak, président de la fédération des travailleurs, section Ugta, déclare que «la section syndicale de l’Ugta n’a pas appelé les travailleurs à la grève, tout en révélant publiquement son soutien aux travailleurs grévistes». Il a fait cette révélation dans un point de presse improvisé au siège de la Grande Poste.

Le Syndicat national d’Algérie Poste, qui a déposé son dossier d’agrément au mois de juillet 2012, au ministère de Travail, appuie cette grève qui n’aurait pas eu lieu si ce n’est la mauvaise gestion et l’opacité syndicale, d’où le ras-le-bol des travailleurs.

Mourad N., président du Snap, dira pour sa part, qu’il est temps d’ouvrir des enquêtes approfondies afin de faire toute la lumière sur les disparités financières, la mauvaise gestion qui sont à l’origine du mouvement de grève des milliers de travailleurs dans tout le pays. Plusieurs employés sont venus soutenir la cause des travailleurs d’Algérie Poste.

Par principe, à l’image de Z.N., âgé de 40 ans environ, employé au ministère de la Poste, déplore le délaissement de 23 employés détachés d’Algérie Poste. «Nous sommes détachés au ministère, mais, malheureusement, on est tout le temps sous pression et exposés au mépris des autres qui nous considèrent comme des intrus, alors que nous sommes tous du même secteur». S’agissant de la pénalisation des citoyens, notamment les retraités qui souffrent le martyre, les travailleurs d’Algérie Poste, regrettent dans leur majorité le désagrément. «C’est vrai que beaucoup d’autres salariés sont touchés directement par cette grève, mais, l’environnement professionnelle d’Algérie Poste, n’est pas adéquat pour assurer un service public digne de son nom», déplore-t-on.

Le conseil de l’administration d’Algérie Poste devait se réunir hier afin de dégager des solutions. Les travailleurs d’Algérie Poste ne font plus confiance aux représentants du syndicat Ugta et au directeur général.

Les éléments de la Sûreté nationale ont évité l’usage de la matraque. Le mouvement, qui a commencé au centre du pays, s’est progressivement élargi à toutes les wilayas. Le service de paiement a été totalement paralysé dans certaines wilayas comme Tizi Ouzou, Mascara, Biskra, Tlemcen, Constantine, Sétif et Annaba.

Les grévistes refusent la prime de bénéfice annuel qui leur a été accordée, d’un montant de 30.000 DA. Ils demandent l’application de toutes les revendications formulées dans leur plate-forme ainsi que le départ de leur premier responsable qui est, selon eux, un mauvais gestionnaire.

En réponse, le DG d’Algérie Poste, Mohand-Laïd Mahloul, met en avant les problèmes financiers de l’entreprise. Selon lui, elle a été déficitaire durant plusieurs années. «Ce n’est qu’en 2012 que l’entreprise a enregistré un excédent et ce, grâce à une subvention de l’État», a-t-il déclaré lundi sur les ondes de la Chaîne III. Mahloul appelle les employés à reprendre le travail. «Je demande aux employés d’Algérie Poste de faire preuve d’intelligence, de ne pas prendre les clients en otages car on risque de les perdre, notamment avec les nouveaux services que proposent les banques», a-t-il dit, visiblement inquiet quant à la situation qui s’aggrave de plus en plus dans l’entreprise.