A la grève des médecins résidents vient se greffer le débrayage des anesthésistes. Deux actions distinctes qui ont fini par paralyser sérieusement les infrastructures de santé.
La situation est intenable au niveau des hôpitaux du pays. Des milliers d’opérations chirurgicales ont été reportées et les soins sont dispensés au compte-gouttes. Et pour cause, à la grève des médecins résidents vient se greffer le débrayage des anesthésistes. Deux actions distinctes qui ont fini par paralyser sérieusement les infrastructures de santé à travers le territoire national et mettre les malades et leurs familles dans un sérieux désarroi. Dans plusieurs établissements sanitaires, des citoyens ont exprimé leur colère de ne pouvoir bénéficier d’une prise en charge médicale. «J’attendais mon tour pour subir une opération au niveau de l’œil depuis près d’une année. Il y a quelques jours, j’ai été admis à l’hôpital, quelques heures avant l’opération, des infirmiers sont venus me demander de quitter mon lit de malade, les médecins étant en grève» raconte une femme d’un certain âge, rencontré au CHU Nedir-Mohamed, de Tizi Ouzou. Ce scénario est quasi quotidien. Des malades sont systématiquement renvoyés et appelés à revenir une fois le mouvement de grève terminé. Mais personne ne savait combien de temps cette grève allait encore durer. Hier, à l’hôpital Mustapha-Bacha, seul le service minimum a été assuré. Comme à l’accoutumée, les médecins résidents étaient rassemblés et refusent de reprendre le service avant que le ministère de tutelle ne daigne répondre à leurs revendications. «Nous assurons le service minimum par humanisme, nous n’avons rien à nous reprocher, c’est le ministère de la santé qui a compromis la santé des patients», nous dira un membre du Collectif autonome des médecins résidents algériens, rencontré sur place. «Plusieurs opérations chirurgicales ont été reportées, les services sont quasiment à l’arrêt» a révélé un autre médecin. Au CHU de Bab El Oued la situation n’est pas meilleure. Même le service de radiologie est à l’arrêt.
«J’ai accompagné ma femme pour une radio, on m’a sèchement répondu qu’ils sont en grève, j’ai dû me déplacer vers une clinique privée» raconte un père de famille, les nerfs à fleur de peau. Cette énième grève qui affecte le secteur de la santé risque d’avoir des conséquences néfastes sur des centaines de milliers de malades. Il faut rappeler que le débrayage des médecins résidents perdure depuis plus de deux mois, alors que les anesthésistes ont entamé leur action depuis le début du mois de juin en cours. Plusieurs malades, interrogés, ont manifesté leur irritation et regretté d’avoir été pris au piège de l’intransigeance des parties belligérantes. «La seule victime de cet interminable bras de fer n’est autre que le simple citoyen, qui n’a pas les moyens d’aller se soigner chez le privé» s’indigne un homme d’un certain âge. Notre interlocuteur n’a pas manqué d’exprimer son incompréhension quant à la durée «anormale» de ces mouvements de grève. «Une grève de plus d’un mois, ça n’arrive qu’en Algérie» dénonce un autre citoyen.
En attendant les prochains jours, force est de relever que le discours du ministère de la Santé et celui des représentants des travailleurs ne change pas. Le premier affirme avoir répondu favorablement aux revendications exprimées, alors que le second se plaint de la sourde oreille des autorités. Les malades quant à eux, sont résignés à prendre leur mal en patience.
Par Aomar Fekrache