La situation ne fait qu’empirer pour les 1161 travailleurs des trois sociétés de catering (Cieptal, Bayat et Saha) en grève de la faim depuis jeudi.
Sous un soleil de plomb, les travailleurs campent toujours sur leur position devant la DP Sonatrach à Hassi R’mel. Vingt-quatre d’entre eux, n’ayant pas supporté la chaleur suffocante, ont été évacués vers l’hôpital et d’autres très fébriles sont toujours sous la même menace, particulièrement les personnes âgées, et aucun responsable ou officiel n’a daigné les écouter. Pire. Aux revendications légitimes de ces travailleurs, on répond par des menaces, de mises en demeure et autres pressions.
«Tous les moyens de dissuasion sont actionnés pour infléchir la volonté des travailleurs des bases de vie, mais rien n’ébranlera leur détermination», nous dira Fouad Djida, un des délégués des fonctionnaires de «l’ombre».
Indigné, il nous apprendra que les travailleurs dépêchés de Hassi Messaoud pour nous remplacer au pied levé et ayant refusé d’exécuter les ordres en signe de soutien à notre cause sont retenus à l’intérieur du complexe industriel de Sonatrach (DP) comme de véritables prisonniers».
Ceux qui ont pu déjouer ce «plan machiavélique» n’ont pas hésité à aller grossir les rangs des protestataires avec lesquels ils partagent les mêmes revendications, apprend-on également. Djida précisera que pour les autres, «les travailleurs de Hassi R’mel ont dû cotiser pour leur permettre de rejoindre Hassi Messaoud».
Evoquant les «intimidations et autres menaces», œuvre des responsables des trois prestataires-employeurs, notre interlocuteur révélera que des travailleurs reçoivent quotidiennement des appels téléphoniques ou des messages les priant de regagner leur poste de travail après le refus des employés de Hassi Messaoud de les remplacer contre une «certaine somme d’argent».
L’Inspection du travail, qui était pourtant partie prenante des négociations entreprises il y a plus d’un mois, se serait également, selon d’autres sources, mise de la partie «en déclarant la grève illégale».
Les employeurs, quant à eux, sont revenus sur leurs promesses, expliquera encore Fouad Djida, en affirmant qu’ils n’ont rien signé.
«Ils disent qu’ils ont signé une feuille de présence d’une réunion mais pas d’engagement à propos de nos revendications», dira, dépité, notre interlocuteur.
Il insistera pour tirer la sonnette d’alarme sur les «dangers qui guettent les grévistes». Pour les plus âgés, Djida nous apprendra qu’il leur a été conseillé de ne pas s’abstenir de manger et de boire.
«Leur présence suffit amplement», dit-il. Dans un communiqué rendu public hier, l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du catering, du tabac et des branches connexes (UITA), qui compte 389 organisations affiliées dans 122 pays, représentant un effectif total approximatif de 2,6 millions de membres, a affiché son «inquiétude» quant à l’état de santé de ces travailleurs «obligés de prendre des mesures mettant en danger leur santé et leur vie», et demande aux employeurs de «mettre en œuvre les accords conclus sur les salaires, les heures et conditions de travail, le logement, le transport et le droit fondamental des travailleurs à s’organiser en syndicats».
Aussi, l’UITA interpelle Sonatrach, «entreprise hôte», et les sociétés de catering afin de «remédier à la situation en mettant en œuvre les engagements antérieurs… et en s’abstenant d’employer de la main-d’œuvre de remplacement».
Saïd Mekla