Ce débrayage risque sérieusement de pénaliser les citoyens qui sollicitent, en cette rentrée sociale, les services d’état civil pour se faire délivrer les documents administratifs.
Les travailleurs communaux reviennent à la charge. Après une accalmie qui aura duré quelques mois, les agents communaux comptent paralyser aujourd’hui les services de l’état civile, et ce, durant huit jours. L’appel a été lancé par le Conseil national du secteur des communes (Cnsc), affilié au Snapap, le 9 septembre dernier à l’issue de la réunion de son conseil national. Ce débrayage risque sérieusement de pénaliser les citoyens qui sollicitent, en cette rentrée sociale, les services d’état civil pour se faire délivrer les documents administratifs.
Le Cnsc est conscient de la chose, mais affirme ne pas avoir d’autre choix que d’observer un arrêt. La grève sera couronnée par un rassemblement des délégués syndicaux à Alger, le 26 septembre. Cet énième mouvement de protestation intervient, selon le Cnsc, en l’absence d’une réaction de la part des pouvoirs publics quant aux revendications socioprofessionnelles des travailleurs. Ali Yahia, porte-parole du Cnsc, dénonce «l’attitude méprisante du ministère de l’Intérieur qui fait la sourde oreille aux doléances des travailleurs».
«Cela fait plus de deux ans qu’on observe des grèves cycliques. A ce jour, aucun appel au dialogue ne nous a été lancé. C’est du mépris. De plus, à chaque fois qu’on appelle à une grève, la tutelle nous oppose menaces et intimidations», dénonce-t-il. Le représentant du Cnsc affirme que «la grève reste le seul moyen pour maintenir la pression sur les autorités et arracher les droits des travailleurs». Ali Yahia déplore le fait que «depuis 2008, aucun projet de statut particulier propre aux travailleurs communaux n’a été mis en place par les responsables concernés, et ce, en dépit des multiples promesses formulées par la tutelle». «Le ministère de l’Intérieur nous a déjà promis de promulguer le statut particulier en septembre 2010, puis à la fin du 1er semestre de l’année en cours. Malheureusement rien n’a été fait à ce jour», fulmine-t-il. Ce responsable affirme ne pas comprendre le fait que le ministre de l’Intérieur parle du versement des indemnités des travailleurs alors que le statut particulier n’a pas été promulgué. «Ce régime indemnitaire sera calculé sur la base de quoi ?» s’est-il interrogé. Notre interlocuteur dresse un tableau sombre de la situation des travailleurs communaux. Cherté de la vie, précarité de l’emploi, dégradation des conditions de travail sont, entre autres, les véritables raisons justifiant le ras-le-bol des agents communaux. Considérant que leurs revendications sont ignorées par les pouvoirs publics, ils se sentent tout bonnement «marginalisés», voire «exclus», de toutes les augmentations salariales qui ont touché le secteur des collectivités locales. Les travailleurs communaux ont fait avancer, à travers leur mouvement, toute une série de revendications. Ils réclament, entre autres : la revalorisation du point indiciaire afin de garantir un salaire de base digne, l’intégration des contractuels en poste, la promulgation du projet du statut particulier des travailleurs communaux et le régime indemnitaire, ainsi que la révision de la classification catégorielle des travailleurs communaux. Il convient de noter, dans cette optique, que sur les
500 000 travailleurs communaux – qu’ils soient éboueurs, préposés au guichet, employés dans les bureaux – des 1 541 communes du pays, plus de 20% des effectifs sont contractuels. Ces derniers sont recrutés dans le cadre du filet social avec un salaire de 3 000 DA par mois, alors qu’ils bouclent leurs huit heures de travail ! Le syndicat revendique également l’abrogation de l’article 87 bis de la loi 90/11 qui empêche l’augmentation du SNMG et le maintien du régime de la retraite sans condition d’âge.
Par Hocine Larabi