Toutes les stations ferroviaires étaient fantomatiques : les quais n’ont enregistré aucun trafic. Tous les guichets étaient fermés.
Les malheureux voyageurs, tourmentés par ce débrayage, ont dû rebrousser chemin et se rabattre sur d’autres moyens de transport.
Le bras de fer opposant les cheminots et la Société nationale du transport ferroviaire (SNTF) n’est pas près de connaître une issue favorable. La crise se durcit.
Les gares ferroviaires du territoire national ont été paralysées hier encore, et pour le troisième jour consécutif de la grève illimitée initiée par les conducteurs et les mécaniciens affiliés à la SNTF. Dans la capitale, toutes les stations ferroviaires étaient fantomatiques : les quais n’ont enregistré aucun trafic.
Tous les guichets étaient fermés. Les malheureux voyageurs, tourmentés par ce débrayage, ont dû rebrousser chemin et se rabattre sur d’autres moyens de transport. «La grève a été suivie à hauteur de 100%. Ce matin, aucun train n’a circulé», affirme Boumansour Abdelhak, porte- parole de la cellule de crise installée avant-hier afin de trouver une issue à cette situation de blocage.
Ce syndicaliste indique que les cheminots «ne reculeront devant rien» tant que leurs revendications socioprofessionnelles ne sont pas satisfaites. «Malheureusement, aucune tentative de trouver un terrain d’entente avec le syndicat n’a été entreprise pour le moment par la direction de la SNTF», dit-il.
«Nous sommes disposés à nous asseoir autour de la table de négociation à condition que cela ne soit pas au détriment des travailleurs. Nous n’accepterons aucune solution à part celle de l’amélioration de notre pourvoir d’achat », ajoute-t-il.
M. Boumensour dénonce les menaces brandies par la tutelle contre les cheminots, indiquant que les travailleurs ne demandent que l’application de la loi. «L’article 52 de la convention collective stipule que le salaire du cheminot ne peut être inférieur au SNMG. Or, il y a des ouvriers qui touchent un salaire de base de 12 000 dinars».
Même son de cloche chez la Fédération nationale des cheminots, affiliée à l’UGTA, qui reconnaît «la légitimité» des revendications des travailleurs de la SNTF. Selon son secrétaire général chargé de l’information, Djamel Bechikhi, «cette grève a porté un grave préjudice à la circulation des personnes et des marchandises».
Il indique que le taux de suivi de cette grève a atteint 95% au troisième jour. Ce responsable déplore le fait qu’aucune suite favorable n’a été donnée aux multiples demandes effectuées par son syndicat afin de désamorcer la crise.
La Fédération des cheminots qui, rappelons-le, a tenu avant-hier une réunion avec le directeur général de la SNTF, a saisi hier par courrier le premier responsable du secteur des Transports, Amar Tou. «Le problème dépasse bel et bien la direction général de la SNTF.
Ce n’est pas la direction de la SNTF qui refuse d’appliquer les clauses de la convention collective signée par les cheminots et la direction générale en 1997. Et ce n’est pas la SNTF qui refuse de signer la convention de branches.
Le ministère des Transports oppose un niet verbal quant à notre incorporation dans la convention de branches», déclare M. Bechikhi qui affirme par ailleurs que son syndicat ne prend pas la défense de la SNTF.
«Il faut que les pouvoirs publics réagissent. Nous incitons les deux parties en conflit à la sagesse afin de trouver un début de sortie de crise», ajoute-t-il, soulignant qu’aucune négociation n’a été engagée avec la tutelle.
M. Bechikhi accuse les responsables du secteur des transports «de ne pas adhérer aux orientations du président de la République» en ce qui concerne l’augmentation des salaires des travailleurs du transport routier, aérien et maritime.
Ce responsable syndical affirme que l’argument de «déficit financier» avancé par la tutelle pour expliquer son refus d’augmenter les salaires des 10 000 travailleurs ne tient pas la route, du fait que le transport par train enregistre plus 1 007 000 voyageurs/mois et un chiffre d’affaires de 450 millions de dinars/mois.
Par ailleurs, le directeur des ressources humaines de la SNTF, Noureddine Dekhli a affirmé, dans une déclaration à l’APS, que le taux de suivi «n’a pas dépassé les 40% en ce troisième jour». «La grève a été suivie à 40% le premier jour.
Le taux a atteint 54% au deuxième jour, mais la tendance est à la baisse en ce troisième jour», a estimé M. Dekhli. En attendant le dénouement de cette crise, les citoyens espèrent voir très prochainement le «retour des trains sur les rails».
Hocine L