Mises en demeure, ponctions sur salaires, suspensions en série font partie des procédures répressives exercées par les directeurs d’hôpital à l’encontre des anesthésistes-réanimateurs en grève illimitée depuis le 7 juin.
Comme l’explique un groupe de grévistes rencontré au CHU Mustapha, ces sanctions ciblent principalement les délégués du collectif des anesthésistes-réanimateurs et de la commission statut, installée quelques semaines avant le déclenchement de la grève des auxiliaires médicaux.
Les protestataires citent l’exemple de l’un des délégués de leur hôpital, exerçant au service gynécologie obstétrique, suspendu durant 45 jours en attendant de passer en conseil de discipline. «Je fus suspendu alors que je n’étais même pas de garde», a-t-il déploré.
Une autre gréviste, exerçant à la clinique Debussy, au service de cancérologie, montre les mises en demeure qui lui ont été adressées par la direction, pour «grève illégale». «Au lieu de répondre favorablement à nos revendications, la tutelle tend à nous réprimer en cassant notre mouvement de grève», lance un gréviste parmi la foule. «Mais ce n’est pas pour autant que nous allons baisser les bras», a-t-il affirmé d’un ton déterminé.
Les anesthésistes, qui paralysent les blocs opératoires depuis 23 jours, exigent un statut clair et précis concernant leur activité au sein des blocs opératoires. En tant qu’auxiliaires médicaux, ils sont confrontés à un véritable problème juridique.
Comme l’explique le collectif des anesthésistes-réanimateurs et de la commission statut, en théorie le rôle des anesthésistes-réanimateurs se limite à l’assistance des médecins spécialistes en anesthésie et réanimation.
Sur le plan juridique, ils n’ont pas le droit d’anesthésier le malade, car il s’agit d’un acte purement médical. Mais au niveau des blocs opératoires, ils sont contraints de le faire car il y a un manque flagrant de médecins anesthésistes réanimateurs.
«Il existe 7 000 auxiliaires médicaux en anesthésie et réanimation à travers le territoire national, contre seulement 2 600 médecins réanimateurs- anesthésistes», affirme-t-on. La cause ? «C’est une spécialité boudée par les médecins car la plupart préfèrent plutôt se spécialiser en cardiologie, en ophtalmologie…», nous a-t-on révélé.
La pratique de ce geste médical s’impose donc aux auxiliaires médicaux qui sont contraints de faire le travail du médecin spécialiste avec tout le risque encouru et sans aucune couverture juridique.
«En cas de décès ou de complications chez les malades, l’anesthésiste risque la prison», regrette l’un d’entre eux avant d’ajouter qu’un bon nombre de ses collègues ont été traduits en justice pour pratique illégale de la médecine, notamment à l’intérieur du pays où il y a un manque flagrant de médecins anesthésistes- réanimateurs».
Pour rappel, la loi de 1991 avait autorisé les auxiliaires médicaux à pratiquer ce geste médical, mais sous couverture juridique, vu la situation du pays à l’époque.
Z. M.