La grande solitude des malentendants

La grande solitude des malentendants
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Surdité, échec scolaire, violence

«Un cinquième de la population algérienne souffre de problèmes d’audition. Ce qui en fait largement un problème de santé publique», dira-t-elle. Le réseau Audifel, qui couvre actuellement 11 wilayas dont Oran, Alger, Constantine ou encore Annaba et Mostaganem, est considéré comme le leader incontesté sur le marché national et s’est tracé comme objectif «de couvrir tout le territoire national dans les deux ans à venir».

Pour Mme Lazouni, le taux des malentendants a progressivement augmenté de manière inquiétante, ces dernières années, pour toucher toutes les couches sociales. Les principales raisons sont à chercher, selon les spécialistes, dans les nuisances sonores, notamment chez les adolescents et les jeunes.

«Certaines personnes, qui ont 25 ans, présentent des oreilles de 70 ans», affirme la gérante d’Audifel, qui tire, au passage, la sonnette d’alarme sur les vieillissements précoces de l’oreille. L’autre problème soulevé est l’automédication largement répandue dans la société.

«Les malades préfèrent se rendre à la pharmacie du coin pour traiter une infection de l’oreille que de se faire ausculter par un spécialiste», se désole-t-elle.Kader, 42 ans, estime être parmi ces gens qui, par paresse ou par souci d’économie, vont chez le pharmacien le plus proche pour se faire soigner une otite ou un début d’infection. «Je connais des gens, qui se soignent tout simplement chez eux en utilisant de l’huile d’olive légèrement chauffée», ajoutera-t-il.

L’autre aspect de l’équation réside dans l’appareillage, qui doit être «rigoureusement» réalisé par de vrais spécialistes de l’audition, sinon le risque d’une dégradation supplémentaire de l’audition n’est pas à écarter. Audifel s’enorgueillit de procéder au montage d’une bonne partie de ses appareils auditifs à Oran et que ces mêmes appareils sont reconnus et remboursés dans les pays de l’Europe.

Ces produits font la fierté de l’Algérie puisqu’ils sont nés grâce au transfert des technologies acquises en France, en Suisse et en Allemagne et qu’ils sont qualifiés, par les spécialistes, des plus fiables et les moins chers sur le marché national, maghrébin, africain et européen. L’autre aspect à solutionner est lié aux problèmes auditifs rencontrés chez les bébés, qui naissent sourds ou malentendants.

L’absence ou la rareté chronique d’une sur-spécialisation chez les ORL, oto-rhino-laryngologie, concernant le traitement des problèmes auditifs chez les nourrissons, peut engendrer des séquelles graves sur l’avenir du bébé et le conduire inévitablement vers une impasse. En effet et pour parer à ces problèmes «insolubles», les problèmes auditifs doivent être décelés très rapidement, dès les premiers mois du nouveau-né.

Le nourrisson peut présenter souvent des troubles héréditaires mais aussi une surdité, qui peut être acquise chez lui au cours de la grossesse ou encore lors de l’accouchement causée par un traumatisme dû à un accouchement prolongé ou à un maniement de forceps pouvant engendrer des séquelles irréversibles.

La solution consiste, selon les spécialistes, dans la nécessité d’effectuer un dépistage de plus en plus précoce et il est impératif de diagnostiquer le mal le plus tôt possible car cela induira une prise en charge précoce, dont un appareillage auditif éventuel.

Selon les cas de figure rencontrés, les cas de surdité d’origine héréditaire sont assez rares, contrairement à ceux de surdité acquise et un dépistage précoce d’être effectué dès les premiers mois de vie d’un bébé.

Les premiers symptômes d’un nourrisson souffrant de problèmes auditifs sont à repérer chez un bébé, qui a un sommeil trop lourd, qui ne réagit pas aux bruits familiers ou encore qui ne prête pas attention à l’appel de son prénom vers les quatorze/quinze mois de sa vie. Ces signes doivent éveiller les soupçons des parents et un examen chez un ORL est fortement recommandé.

Certaines malformations peuvent être traitées par un appareil auditif ou une opération de l’oreille tandis que d’autres enfants peuvent rester sourds à vie.

Ces cas présentent un comportement différent et difficile à gérer : hyperactivité, nervosité permanente, agressivité et, pour les parents, c’est une nouvelle très difficile à encaisser mais, fort heureusement, la perte d’audition peut désormais être diagnostiquée dès qu’on en soupçonne l’existence. Pour les spécialistes, rien ne justifie qu’on reporte le diagnostic parce qu’un enfant est trop jeune pour subir des examens.

Il est également peu justifié de reporter le diagnostic sous prétexte qu’on attend d’abord de régler les retards de langage et les problèmes de comportement, étant donné que ceux-ci peuvent justement être causés par une perte auditive car l’audition est la clé du développement du langage.

Pourtant l’une des conséquences directes de cette non prise en charge reste l’échec scolaire, à grande échelle. La surdité en milieu scolaire, qui toucherait en moyenne trois, voire quatre élèves par classe, selon les estimations de Mme Lazouni, contribue grandement à renforcer les statistiques sur la déperdition scolaire.

Le constat, qui pourrait facilement se poser en termes de problème de santé publique, vu son ampleur, prend des proportions insoupçonnées, en absence de tout programme de dépistage ou d’ébauche d’un plan national pour lutter contre les problèmes d’audition en milieu scolaire et surtout au niveau du premier palier de l’éducation.

Même si le dépistage systématique des élèves est hors de propos à cause de son coût excessif (un audiomètre coûte quelque 40 millions) et de l’insuffisance chronique du personnel spécialisé, il n’en demeure pas moins que la formation des instituteurs et des enseignants du cycle moyen à reconnaître un élève souffrant de troubles auditifs reste la solution la plus préconisée dans ce genre de figure.

«Même en Europe, on a essayé de systématiser le dépistage en milieu scolaire mais on a du se rendre à l’évidence que c’était une voie sans issue et on s’est tourné vers la formation des enseignants», expliquera Mme Lazouni.

«Faire un dépistage dans une classe ne coûte absolument rien avec une formation rigoureuse de l’enseignant et l’utilisation de la voix humaine, qui peut être modulée à souhait et à qui on peut changer d’intensité pour dépister les élèves, qui posent problème», ajoutera la responsable d’Audifel.

Les symptômes d’un élève malentendant se traduisent généralement dans le retard pris dans la lecture et la dictée par rapport aux autres élèves normaux, la déformation des lettres et au fait qu’il fasse répéter son instituteur. «Ils posent problème parce qu’on ne les détecte pas facilement.

L’élève malentendant compense à travers la lecture labiale», dira notre interlocutrice. Ces signes, ajoutés au caractère de l’élève renfermé ou agressif, doivent attirer l’attention de l’enseignant, qui doit l’orienter vers le médecin scolaire qui, à son tour, doit le diriger vers l’ORL.

Ce dépistage précoce peut sauver l’enfant si le problème est traité à temps. «En Algérie, les otites à répétition sont souvent la cause de cette demi-surdité et il existe une surdité appareillable où, grâce à une prothèse auditive, l’enfant peut recouvrir 90 % de son audition normale et éviter ainsi d’avoir un enfant handicapé à vie puisque pas mal de surdités sont évolutives.» Ayoub El-Mehdi

«Un cinquième de la population algérienne souffre de problèmes d’audition. Ce qui en fait largement un problème de santé publique», dira-t-elle. Le réseau Audifel, qui couvre actuellement 11 wilayas dont Oran, Alger, Constantine ou encore Annaba et Mostaganem, est considéré comme le leader incontesté sur le marché national et s’est tracé comme objectif «de couvrir tout le territoire national dans les deux ans à venir».

Pour Mme Lazouni, le taux des malentendants a progressivement augmenté de manière inquiétante, ces dernières années, pour toucher toutes les couches sociales. Les principales raisons sont à chercher, selon les spécialistes, dans les nuisances sonores, notamment chez les adolescents et les jeunes.

«Certaines personnes, qui ont 25 ans, présentent des oreilles de 70 ans», affirme la gérante d’Audifel, qui tire, au passage, la sonnette d’alarme sur les vieillissements précoces de l’oreille. L’autre problème soulevé est l’automédication largement répandue dans la société.

«Les malades préfèrent se rendre à la pharmacie du coin pour traiter une infection de l’oreille que de se faire ausculter par un spécialiste», se désole-t-elle.Kader, 42 ans, estime être parmi ces gens qui, par paresse ou par souci d’économie, vont chez le pharmacien le plus proche pour se faire soigner une otite ou un début d’infection. «Je connais des gens, qui se soignent tout simplement chez eux en utilisant de l’huile d’olive légèrement chauffée», ajoutera-t-il.

L’autre aspect de l’équation réside dans l’appareillage, qui doit être «rigoureusement» réalisé par de vrais spécialistes de l’audition, sinon le risque d’une dégradation supplémentaire de l’audition n’est pas à écarter. Audifel s’enorgueillit de procéder au montage d’une bonne partie de ses appareils auditifs à Oran et que ces mêmes appareils sont reconnus et remboursés dans les pays de l’Europe.

Ces produits font la fierté de l’Algérie puisqu’ils sont nés grâce au transfert des technologies acquises en France, en Suisse et en Allemagne et qu’ils sont qualifiés, par les spécialistes, des plus fiables et les moins chers sur le marché national, maghrébin, africain et européen.

L’autre aspect à solutionner est lié aux problèmes auditifs rencontrés chez les bébés, qui naissent sourds ou malentendants.L’absence ou la rareté chronique d’une sur-spécialisation chez les ORL, oto-rhino-laryngologie, concernant le traitement des problèmes auditifs chez les nourrissons, peut engendrer des séquelles graves sur l’avenir du bébé et le conduire inévitablement vers une impasse.

En effet et pour parer à ces problèmes «insolubles», les problèmes auditifs doivent être décelés très rapidement, dès les premiers mois du nouveau-né.

Le nourrisson peut présenter souvent des troubles héréditaires mais aussi une surdité, qui peut être acquise chez lui au cours de la grossesse ou encore lors de l’accouchement causée par un traumatisme dû à un accouchement prolongé ou à un maniement de forceps pouvant engendrer des séquelles irréversibles.

La solution consiste, selon les spécialistes, dans la nécessité d’effectuer un dépistage de plus en plus précoce et il est impératif de diagnostiquer le mal le plus tôt possible car cela induira une prise en charge précoce, dont un appareillage auditif éventuel.

Selon les cas de figure rencontrés, les cas de surdité d’origine héréditaire sont assez rares, contrairement à ceux de surdité acquise et un dépistage précoce d’être effectué dès les premiers mois de vie d’un bébé.

Les premiers symptômes d’un nourrisson souffrant de problèmes auditifs sont à repérer chez un bébé, qui a un sommeil trop lourd, qui ne réagit pas aux bruits familiers ou encore qui ne prête pas attention à l’appel de son prénom vers les quatorze/quinze mois de sa vie. Ces signes doivent éveiller les soupçons des parents et un examen chez un ORL est fortement recommandé.

Certaines malformations peuvent être traitées par un appareil auditif ou une opération de l’oreille tandis que d’autres enfants peuvent rester sourds à vie.

Ces cas présentent un comportement différent et difficile à gérer : hyperactivité, nervosité permanente, agressivité et, pour les parents, c’est une nouvelle très difficile à encaisser mais, fort heureusement, la perte d’audition peut désormais être diagnostiquée dès qu’on en soupçonne l’existence.

Pour les spécialistes, rien ne justifie qu’on reporte le diagnostic parce qu’un enfant est trop jeune pour subir des examens. Il est également peu justifié de reporter le diagnostic sous prétexte qu’on attend d’abord de régler les retards de langage et les problèmes de comportement, étant donné que ceux-ci peuvent justement être causés par une perte auditive car l’audition est la clé du développement du langage.

Pourtant l’une des conséquences directes de cette non prise en charge reste l’échec scolaire, à grande échelle. La surdité en milieu scolaire, qui toucherait en moyenne trois, voire quatre élèves par classe, selon les estimations de Mme Lazouni, contribue grandement à renforcer les statistiques sur la déperdition scolaire.

Le constat, qui pourrait facilement se poser en termes de problème de santé publique, vu son ampleur, prend des proportions insoupçonnées, en absence de tout programme de dépistage ou d’ébauche d’un plan national pour lutter contre les problèmes d’audition en milieu scolaire et surtout au niveau du premier palier de l’éducation.

Même si le dépistage systématique des élèves est hors de propos à cause de son coût excessif (un audiomètre coûte quelque 40 millions) et de l’insuffisance chronique du personnel spécialisé, il n’en demeure pas moins que la formation des instituteurs et des enseignants du cycle moyen à reconnaître un élève souffrant de troubles auditifs reste la solution la plus préconisée dans ce genre de figure.

«Même en Europe, on a essayé de systématiser le dépistage en milieu scolaire mais on a du se rendre à l’évidence que c’était une voie sans issue et on s’est tourné vers la formation des enseignants», expliquera Mme Lazouni.

«Faire un dépistage dans une classe ne coûte absolument rien avec une formation rigoureuse de l’enseignant et l’utilisation de la voix humaine, qui peut être modulée à souhait et à qui on peut changer d’intensité pour dépister les élèves, qui posent problème», ajoutera la responsable d’Audifel.

Les symptômes d’un élève malentendant se traduisent généralement dans le retard pris dans la lecture et la dictée par rapport aux autres élèves normaux, la déformation des lettres et au fait qu’il fasse répéter son instituteur. «Ils posent problème parce qu’on ne les détecte pas facilement.

L’élève malentendant compense à travers la lecture labiale», dira notre interlocutrice. Ces signes, ajoutés au caractère de l’élève renfermé ou agressif, doivent attirer l’attention de l’enseignant, qui doit l’orienter vers le médecin scolaire qui, à son tour, doit le diriger vers l’ORL.

Ce dépistage précoce peut sauver l’enfant si le problème est traité à temps. «En Algérie, les otites à répétition sont souvent la cause de cette demi-surdité et il existe une surdité appareillable où, grâce à une prothèse auditive, l’enfant peut recouvrir 90 % de son audition normale et éviter ainsi d’avoir un enfant handicapé à vie puisque pas mal de surdités sont évolutives.»

Ayoub El-Mehdi