L’urbanisation effectuée depuis l’Indépendance à ce jour a été souvent caractérisée par l’urgence due à la reconstruction du pays.
La croissance urbaine a généré un dysfonctionnement important particulièrement dans les villes. Tout le monde veut s’accaparer d’un morceau de terrain pour y construire «sa maison» ou même des fois «un grand immeuble», sans se soucier du moindre aspect architectural, et dans la plupart du temps, et ce pour différentes raisons, ça demeure une «carcasse» non achevée, c’est une totale anarchie qui règne.
Au fil des jours qui passent, nos villes se sont transformées en des chantiers loin de connaître une fin.
Le ministère de l’habitat et de l’urbanisme, ne compte pas rester les bras croisés devant une situation qualifiée de chaotique.
Dans son décret exécutif 09-154 du 22 février 2009, qui fixe les procedures de mise en oeuvre de la déclaration de mise en conformité des constructions, comme il est indiqué dans son deuxième article, les propriétaires et maîtres d’ouvrages sont tenus de faire une déclaration de mise en conformité auprès du président de l’APC où aurait lieu la dite construction. Ainsi, le ministère est décidé à mettre un terme à cette anarchie qui n’a que trop durer.
À cet effet, une journée de sensibilisation et de vulgarisation du dit décret a été organisée hier matin au Bastion 23 à Alger, par le Collège national des experts architectes algériens (CNEA). Beaucoup d’experts en urbanisme, architectes et même des juristes étaient invités.
Lors de son intervention Abdelhamid Boudaoud, président du CNEA, dira que « ce décret est positif dans son contenu, mais on aurait aimé que le ministère nous consulte au préalable et surtout nous associe quant à son élaboration» et d’ajouter que, «nous, les experts architectes, nous nous sommes vus marginalisés dans les affaires de la gestion d’un dossier qui est de notre ressort avant les autres,».
L’intervenant insistera et persistera sur le fait qu’ «en Algérie, tout le monde est architecte sauf l’homme de ce métier qui est mis complètement de côté».
Abdelhamid Boudaoud, se dira favorable à cette décision prise par les autorités dans ce qui est appelé le parachèvement du bâti», car cela relève selon lui des caractéristiques architecturales de nos villes qu’il faut respecter.
«Certes, le marché des matériaux est loin d’arranger les petites bourses, mais le citoyen est tricheur quelque part, parmi eux il existe des gens, une fois terminé une partie de leur bâti, ils le transforment en un local commercial », tiendra t-il à préciser.
Toutefois, il a directement impliqué les banques, et les appelle à adoucir les formalités afin de permettre aux citoyens l’accès à des crédits et de là achever leurs constructions.
Un autre problème épineux a été soulevé par le conférencier, celui du vieux bâti, il revient à la charge et nous dira à ce propos que «moi personnellement j’ai toujours dit non à la politique des chiffres, il ne suffit pas de dire que nous avons réalisé tant ou tant de logements, dans tous ça il est impératif d’instaurer une vraie stratégie d’urbanisme», pour appuyer ces dires, il ajoutera que «le vieux bâti est un sérieux problème qu’il ne faudrait jamais ignorer, pour seulement la capitale, la grande majorité des quartiers sont fait de vieux «bâtiments» qui datent de l’époque coloniale, secoués par les différents séismes, ça représente une réelle menace pour les locataires».
Quant au Pr Chelghoum, enseignant à l’Université de Bab-Ezzouar, les choses son claires.
Il n’est pas allé par trente six chemins pour dire que «le problème majeur n’a jamais été celui de construire, mais les autorités compétentes semblent ignorer un détail très important, tout le Nord du pays est une zone sismique» et d’ajouter que «jusqu’ici, Alger n’a pas connu «son» séisme, tout ceux qu’on a connus dans le passé sont ceux ayant pour épicentres des villes limitrophes, le pire est à prévenir».
À titre d’exemple il citera le projet de la grande mosquée d’Alger qui malgré les études de la non-conformité du sol de son implantation, on maintient sa réalisation, selon lui «construire une mosquée d’un minaret de 300 mètres, équivalent à un immeuble de 100 étages, sur Oued El Harrach, serait un risque, un grand risque même».
Un autre projet en polémique, c’est celui de la future faculté de médecine à Ben Aknoun, ce projet représente lui aussi des dangers, malgré tout cela on continue de «construire» pour le regretter d’ici peu de temps.