La nature du pouvoir politique algérien, parce que historiquement, construit, structuré et “formaté” dans la clandestinité que toute révolution impose comme discipline, se mure dans une forteresse imperméable dont lui seul détient le secret. Omniprésent, décidant de tout, il paraît pour l’instant illusoire de courir le risque de vouloir pénétrer sa chapelle.
Concomitamment, ce même pouvoir a construit et a mis en place un Etat nation, d’essence sociale et démocratique, centralisé, structuré institutionnellement, de la base au sommet. C’est l’un des plus grands acquis de notre peuple qu’il faut mettre au crédit des dirigeants imbibés des principes de la déclaration de novembre 54. Belaid Abdesslam, Mohamed Liassine et tant d’autres… à l’époque de Boumediene. Abdelhamid Brahimi, sous l’ère Chadli, dont “l’ingéniosité” a consisté à détruire le tissu industriel national, en envoyant des dizaines de milliers de travailleurs au chômage.
Des économistes universitaires connus, comme Abdelmadjid Bouzidi, conseiller économique de Zeroual, ont tenté de redresser la barre, jusqu’à l’arrivée de la “troïka”, composée de Chakib Khelil, Benachenhou et Temmar qui furent les inspirateurs de la politique économique en qualité de garde rapprochée de Bouteflika.
Ces personnalités ont-elles véritablement imprégné de leur sceau les grandes décisions de la politique économique de l’Algérie ? L’on se souvient que dans les années 90, en pleine crise financière et politique, du fait du terrorisme et de la chute drastique de nos recettes d’exportation des hydrocarbures, aucun chef de l’exécutif n’avait pris le risque d’aller vers le rééchelonnement de notre dette extérieure. Un chef de gouvernement, en concertations avec les organisations syndicales, l’a fait, semble-t-il, sur inspiration du pouvoir réel. Si tel est le cas, l’on serait en présence de deux pouvoirs.

L’un réel et l’autre apparent. Tous les observateurs de la scène politique nationale et même certains analystes étrangers usent du vocable de “pouvoir réel” ou de “vrais décideurs”. Pourtant, au plan formel, l’Etat et ses institutions – communes, daïras, wilayas, administrations centrales des différents ministères, conseil économique et social, syndicats, mouvement associatif…–, à travers des instruments de planification tels que les plans de développement communaux (PCD) et de wilaya, en concertation avec les services déconcentrés de la puissance publique, participent à l’élaboration des décisions économiques.
Celles-ci, consolidées, sont présentées au premier ministre, qui, en concertation avec les services du secrétariat général de la chefferie du gouvernement, formalise les grands dossiers qui seront soumis au conseil des ministres.
Avalisées par le président de la République, elles sont ensuite soumises aux deux chambres du Parlement, pour amendement ou adoption (la loi de finances par exemple). C’est le fonctionnement normal des institutions républicaines. Faut-il rappeler que le chef de l’Etat, détenteur de la légitimité des urnes, est le premier responsable à imprégner la politique économique sur la base de son programme électoral. Il est vrai, aujourd’hui, que de nouveaux concepts apparaissent. “Veille économique, intelligence économique”…
A. H.