La Ghaza de Zizou

La Ghaza de Zizou

Sur le plan purement sportif, Zinedine Zidane n’a pas été seulement un footballeur d’exception qui marquera pour toujours l’histoire de ce jeu. En plus de son immense talent, il aura inventé une manière de jouer au football autrement.

Sur le terrain, il donne l’impression de ne faire aucun effort pour que le ballon lui colle au pied, pour dérouter l’adversaire en faisant à chaque fois le contraire de ce que pense deviner l’adversaire, tout en rassurant le partenaire qu’il le trouvera où qu’il puisse être, sans le voir. Ni ange ni démon, sa cote de popularité n’a jamais cessé de grimper en dépit de quelques travers parfois franchement impardonnables à quelqu’un d’autre que lui.

Hors des terrains, il a mené une vie d’homme apaisé à qui on n’a connu ni caprice de riche, ni incartade de star, ni déclaration enflammée. Enfant de banlieue, il n’en a fait ni un fonds de commerce ni un instrument de revanche. Zidane a pris sa réussite avec le même élan naturel que la désinvolture qui lui permet de dompter le ballon.

S’il n’a jamais renoncé à ses racines, il a toujours vécu son intégration française avec fierté et apaisement. Personne ne lui a jamais reproché de ne pas s’enflammer pour la Marseillaise, personne ne lui a demandé non plus d’explication sur ses choix que tout le monde n’est pas censé comprendre pourtant.

La polémique, elle s’efface dans la commissure de ses lèvres jamais avares d’un sourire désarmant de lucidité. Quand il est venu en Algérie, il l’a fait simplement parce que ça lui tenait à cœur et il n’a jamais été question qu’il s’en explique. Zidane savait qu’il ne pouvait pas éviter le bain de foule, il y a eu bain de foule pour lui. Et quand sa mère a failli être piétinée par ses admirateurs dans son village natal de son père, il a réagi sans calcul : en s’énervant.

Quand il a voulu une visite discrète dans le sud algérien, il est revenu… discrètement, visiter les ksour et se reposer à l’ombre des palmiers. Il ne peut pas être entraîneur parce que «c’est pas son truc» ? Il restera quand même dans le monde du foot en devenant conseiller. Ambassadeur de l’Unicef, il se rendra en Inde comme au Canada apporter des moments de joie à ceux qui en ont terriblement besoin.

Mais voilà, Zizou ira à Ghaza et les vierges effarouchées se font déjà entendre. Faut pas exagérer Zizou, les enfants palestiniens, c’est de la politique. Et quand tu dis : «Les habitants de Ghaza ont subi de graves pertes, des dommages et des blessures dues aux actes de violence israéliens», c’est un parti pris. Et puis, c’est tellement vrai… qu’on oublie que c’est l’Unicef qui t’envoie là-bas. Allez Zizou, encore un petit sourire, ils savent qu’ils ne peuvent rien contre toi.

laouarislimane@gmail.com