L’Algérie a racheté les parts d’ArcelorMittal dans le complexe sidérurgique d’El-Hadjar. Au dinar symbolique comme elles ont été vendues.
L’argument du ministre de l’Industrie est que, dans la nouvelle situation, l’État pourrait investir dans l’établissement sans que cela profite au partenaire. Mais il semble que cette nationalisation correspond à la stratégie de restructuration d’ArcelorMittal qui a décidé de se défaire de ses activités en Algérie et en Afrique du Sud. L’annonce a d’ailleurs correspondu à une revalorisation de l’action Arcelor.
Le syndicat a applaudi à cette réappropriation publique de l’entreprise ; c’est plus aisé de négocier avec l’entrepreneur public. Avec une production ne dépassant pas les trois cent mille tonnes en 2014, ce n’est pas sur la rentabilité de l’outil qu’il pourra compter pour améliorer la situation sociale du personnel. L’amélioration de la productivité, actuellement défectueuse du complexe, devrait passer, du point de vue du propriétaire public, par l’augmentation des capacités installées. Elles passeront, par l’effet de ce nouvel investissement, à deux millions deux cent mille tonnes.
Un peu difficile à suivre cette démarche qui consiste à accroître des capacités que la production n’arrive pas à approcher dans leur niveau actuel. Mais “la paix sociale n’ayant pas de prix”, pour paraphraser Ouyahia, l’on sait ce qui, dans la décision, tient de la stratégie de développement et ce qui tient de la gestion sociale.
Le fait est que l’improvisation en matière d’investissements productifs est significative d’une absence de politique industrielle. Faute de cadre de référence, chaque initiative prend des allures de projet à part, isolé, se justifiant par lui-même. Les pouvoirs publics se gardent bien de concevoir l’agencement public-privé qu’ils souhaitent établir et hésitent à définir les priorités sectorielles qu’ils comptent organiser.
Les investissements dans le montage automobile ont tout l’air d’actions de principe sans réelle finalité économique et commerciale ; la sidérurgie est victime de l’empressement mis à confier son avenir à un partenaire qatari qui n’a pas mis la hâte espérée à réaliser son projet. Le secteur industriel public devrait connaître le même rythme aléatoire d’investissement que celui des équipements : en fonction des fluctuations des revenus pétroliers. L’investissement privé dépendra des humeurs politiques que suscitera l’identité des investisseurs potentiels, nationaux ou étrangers.
Nous sommes devant un véritable cas de non-politique économique. L’économie y est conçue comme le moyen de contrôler la répartition de la rente et, accessoirement, comme supplétive de la politique sociale. Un cas où la volonté de contrôle politique des transferts économiques contraint l’État à une fonction de gestion du non-développement.