La gestion de la masse monétaire, un problème récurrent De la surliquidité au manque de liquidités

La gestion de la masse monétaire, un problème récurrent De la surliquidité au manque de liquidités

En 2007, le manque de liquidités en Algérie a atteint son paroxysme, ce qui a provoqué des rixes entre citoyens et agents de la poste. La Banque d’Algérie avait invoqué, alors, le problème de manque de véhicules de transfert de fonds qui perturbait l’alimentation, ce qui a poussé Algérie Poste à transférer, par ses propres moyens, des fonds d’un bureau à un autre, voire d’une wilaya à une autre, afin de calmer les esprits.

Durant ces périodes difficiles, notamment vers la fin du mois, où tous les salaires et retraites sont versés, les bureaux de poste sont, aussi, parfois contraints de recourir à la limitation du montant du retrait à 10 000 DA par personne.Interrogé sur le problème, le ministre de la Poste, des Technologies de l’information et de la communication (PTIC), M. Moussa Benhamadi, a déclaré à l’APS qu’une telle situation résulte, dans une large proportion, des augmentations de salaires et de l’importance de la masse monétaire sollicitée par les usagers à la faveur de ces augmentations. «Pour la seule année 2010, une somme de 2000 milliards de dinars a été retirée par les détenteurs de chèques postaux», a-t-il fait remarquer, rappelant qu’il existe 12 millions de détenteurs de chèque CCP au niveau national.

Le directeur de la communication de la Banque d’Algérie avait fait savoir récemment que «la BA a doublé ses capacités de production en monnaie fiduciaire.» «La Banque centrale a mobilisé ses équipes pour faire fonctionner les équipements de traitement et de finition des billets, 24/24», a-t-il indiqué, avant d’ajouter que 97% de cette masse d’argent produite dans les ateliers de la Banque centrale est destinée à Algérie Poste. Il a, toutefois, assuré que «la BA dispose de moyens de transport aérien qu’elle peut utiliser dans des circonstances exceptionnelles, à l’exemple des intempéries.» Les mesures prises par la Banque centrale pour parer à la crise des liquidités ne s’arrêtent pas là.

Le même responsable avait indiqué que la BA a procédé à l’allongement des journées de change de son système de paiement concernant les grands montants. Selon lui, «la crise des liquidités dont on parle est le résultat d’une mauvaise appréciation d’Algérie Poste». «Contrairement à ce qui a été colporté çà et là, il n’y a aucun problème de disponibilité des billets de banque», a-t-il réitéré, en précisant que «s’il y a problème, il faut le chercher ailleurs».

Le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, avait lié cette situation de crise à la prolifération de l’informel et à la multiplication des transactions hors circuit bancaire.

«Il y a une demande d’encaissement qui dépasse largement la demande de transaction», avait-il expliqué. Selon le premier responsable de la BA, «la demande est également liée au blanchiment d’argent et aux opérations de transfert illégal d’argent». En effet, le problème de manque de liquidités est lié à deux facteurs principaux : le secteur informel qui agit en dehors des circuits bancaires, préférant les coffres personnels et le paiement en liquide aux transactions bancaires, et la politique du gouvernement qui hésite à imposer le chèque et le paiement par carte bancaire. Pourtant, avant 2007, il y avait une forte surliquidité au niveau des banques et autres établissements financiers.

Le financement de l’économie, notamment la progression du crédit aux PME ont, en partie, réglé le problème de surliquidité dont une bonne part a été avalée par le secteur informel. Par ailleurs, la crise financière internationale, en réduisant les dépôts de Sonatrach auprès du secteur bancaire, a provoqué, pour la première fois de la décennie, une contraction de la liquidité bancaire en Algérie en 2009. Celle-ci a baissé de 10%, passant de

2 845 milliards de dinars en 2008 à 2 549 milliards de dinars en 2009. La hausse des épargnes financières du Trésor public auprès de la Banque d’Algérie est l’autre moteur de cette contraction de la liquidité bancaire. Toutefois, les banques algériennes sont toujours liquides. C’est le gouverneur de la Banque d’Algérie qui en renouvelait le constat lors de la présentation de la note de conjoncture du second semestre 2009 devant les professionnels de la place. Pourtant, les crédits à l’économie ont progressé de 18,5% en 2009 à contre-courant de la tendance dans les pays de l’OCD.

Donc, le manque de liquidités ne peut s’expliquer par cette contraction de la surliquidité, grâce au financement de l’économie, et la réduction des dépôts de Sonatrach. L’informel, le manque de confiance des citoyens face aux risques des effets de la crise financière international et le recul du gouvernement quant à l’usage systématique des chèques et des cartes bancaires sont les facteurs majeurs de ce problème récurrent.