Les pouvoirs publics réagissent plutôt favorablement face à l’étendue extraordinaire des grèves qui n’épargnent désormais aucun secteur. Une réaction qui s’inscrit en droite ligne avec les mesures d’apaisement social prônées par le gouvernement depuis le début de l’année, suite à l’éclatement d’émeutes dans plusieurs wilayas du pays. Il faut dire que les autorités font preuve d’une grande flexibilité face aux revendications sociales et économiques des travailleurs.
Pour preuve, plusieurs secteurs ont bénéficié des «largesses» de l’Etat, à travers des augmentations conséquentes des salaires et autres acquis socioéconomiques. Nonobstant les impacts économiques qui peuvent s’avérer néfastes, dopées par les dépenses publiques excessives, la situation financière actuelle plutôt confortable, somme toute une fiscalité pétrolière régulière, le gouvernement a su absorber la grogne sociale. Cependant, la multiplication des foyers de contestation et les débrayages qui font tache d’huile, la situation risque de dégénérer lorsque l’argent venait à faire défaut.
En effet, les pouvoirs publics viennent de consentir 30% d’augmentation salariale avec effet rétroactif depuis janvier 2008 au profit des travailleurs d’Algérie Poste, en grève depuis une semaine. Une initiative louable qui vient de désamorcer une situation des plus tendues, car plusieurs millions d’Algériens se sont retrouvés otages de la paralysie des bureaux de poste, ne pouvant retirer leurs salaires.
Les étudiants en chirurgie dentaire eux, ont repris le service après l’écho favorable de la tutelle. Les étudiants, les médecins et autres personnels de la santé, les enseignants et autres travailleurs de plusieurs secteurs d’activité, dont les mouvements de contestation ont atteint certains seuils se sont vite remis à la «générosité» de l’Etat. Qu’à cela ne tienne, les pouvoirs publics ont réussi à maîtriser une situation explosive, en procédant avec prudence et sagesse. Outre les augmentations de salaires et autres facilitations à l’emploi et au logement, le gouvernement veut s’attaquer à la corruption et à la bureaucratie qui gangrènent les administrations locales. La récente réunion des walis a été l’occasion pour mobiliser les différentes administrations locales afin d’assurer un meilleur accueil pour les citoyens, et traiter leurs doléances de façon à rétablir la confiance entre les gouvernants et les gouvernés.
Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales a annoncé, d’ailleurs, le lancement prochain d’une enquête nationale sur l’accueil des administrés, dans la perspective de combler le fossé qui sépare les citoyens de leur administration et endiguer tous les phénomènes souvent à l’origine de la grogne sociale. Ceci dit, la générosité de l’Etat ne doit pas dépasser certains seuils qui favoriseraient l’anarchie, à l’image de la prolifération de l’informel et du non-respect des lois de la République.
Par : Mokrane Chebbine