La fuite du carburant aux frontières pose des problèmes économiques et sécuritaires pour le pays

La fuite du carburant aux frontières pose des problèmes économiques et sécuritaires pour le pays

En l’espace d’une semaine, deux poids lourds du gouvernement, Youcef Yousfi et, avant lui, Dahou Ould Kablia, ont tiré la sonnette d’alarme sur la fuite du carburant aux frontières, une véritable agression économique et sécuritaire contre l’Algérie, où ce produit continue de jouir du soutien de l’Etat.

Cela au grand bonheur des “hallabas”, comme on les appelle à Tlemcen, qui profitent pour bâtir des fortunes colossales. Pendant longtemps, les autorités ont quasiment fermé l’œil, limitant leur travail à des interventions ponctuelles effectuées par les GGF (groupement de gendarmerie des frontières). Visiblement, le gouvernement vient de se rendre compte que le mal est plus profond et nécessite des mesures beaucoup plus draconiennes pour combattre la mafia du carburant.

En tous cas les chiffres révélés aujourd’hui par Yousef Yousfi à El Oued sont tout simplement sidérants. Selon lui, pas moins de 1,5 milliards de litres de carburant sont détournés annuellement de façon illégale, pour prendre le chemin des frontières, a-t-il indiqué dans une déclaration rapportée par l’APS.

“La contrebande de carburant est une gangrène pour l’économie nationale”dénonce t-il en considérant que les choses ne doivent plus continuer ainsi. “ça suffit !”, tonne le ministre de l’énergie dont le ton traduit pleinement l’ampleur de ce trafic, malheureusement encouragé en sous main par les gouvernements des pays qui en tirent les dividendes, en particulier nos “frères” de l’ouest qui nous font ainsi payer le refus d’ouvrir les frontières.

Le carburant détourné fait tourner un parc de 600.000 voitures au-delà de nos frontières

“Nous avons 1,5 milliard de litres qui sortent du pays d’une manière illégale. Cela représente un (1) milliard DA”, ajoute Yousfi en précisant que cette quantité de carburant fait tourner un parc de 600.000 voitures au-delà de nos frontières.

Au point où l’on en est, le ministre de l’énergie en appelle à la responsabilité de tout un chacun. Faut-il encore que son message soit entendu.

Dahou Ould Kablia, en visite lundi dernier à Ain Defla a eu le même ton, appuyé par des chiffres aussi sidérants. Selon lui, ce n’est pas moins de 25% de la production nationale de carburant qui “est gaspillée et exportée illégalement” aux frontières.

Ould Kablia insiste sur la dimension sécuritaire du problème. Il a indiqué que des mesures ont été prises en vue d’endiguer cette saignée. Entre autres, la saisie de tous les moyens de contrebande du carburant, des biens des contrebandiers et d’autres mesures au niveau des stations NAFTAL.

Des gendarmes en civil ont été même postés au niveau des stations à Tlemcen pour surveiller le mouvement des véhicules qui viennent s’y approvisionner. Autre mesure, le contingentement des quantités de carburant distribuées quotidiennement dans les stations de Tlemcen. Une mesure qui pénalise malheureusement les honnêtes citoyens.

De plus, les responsables des ces stations ont refusé de collaborer, alors qu’il leur est demandé de relever les matricules des voitures après chaque prestation. Un refus un peu justifié,, car ce n’est pas dans leur attribution, mais d’un autre côté ils doivent aussi trouver leur compte dans ce trafic. Face à ces mesures dont l’efficacité est pour le moins douteuse, les “hallabas” se sont rabattus sur les stations de carburant de Sidi Bel Abbes, Relizane.

On dit qu’à Tlemcen, des PME spécialisées dans la fabrication de la chaussure, des tapis, se sont converties dans la production en série du jerrican. C’est un commerce qui rapporte gros, car ce jerrican fait un aller simple vers le Maroc. En tous cas la situation est suffisamment grave pour que les pouvoirs publics changent de braquets.

Des mesures plus coercitives et plus dissuasives s’imposent. Encore faut-il que la volonté politique existe. Et c’est là que réside malheureusement le défaut de la cuirasse, car des hommes politiques, en exercice ou à la retraite sont en partie derrière cette atteinte contre leur pays. A Tlemcen, leurs noms sont de notoriété publique.