L’armée tunisienne compte ses premières victimes dans la lutte contre le terrorisme
Le traumatisme de la tentative de prise d’otages du site gazier de Tiguentourine, qui a eu lieu le mois de janvier dernier, est encore dans toutes les mémoires.
La menace terroriste est permanente en Tunisie. Elle met à rude épreuve un gouvernement islamiste, débordé par une aile radicale qui a décidé d’en découdre. Un scénario à l’algérienne? Nombreux sont ceux qui n’hésitent pas à en faire le parallèle. Le danger est de toute façon à nos portes. L’urgence ne consiste donc pas à échafauder des théories, car il s’agit bel et bien d’étouffer dans l’oeuf ces actions terroristes. La riposte nécessite des opérations militaires d’envergure. L’Algérie est sur le qui-vive. «Des hélicoptères ratissent quotidiennement le tracé frontalier de 965 km entre l’Algérie et la Tunisie, tout autant que les 4×4 des GGF (gardes-frontières). Les Douanes algériennes et la Police aux frontières (PAF) sont également averties» indiquent des sources sécuritaires. Deux groupes de jihadistes, estimés à une cinquantaine de membres (de nationalité algérienne et tunisienne) l’un sur le mont Chaâmbi et le second à une centaine de kilomètres plus au nord dans la région de Kef, sont traqués par les forces tunisiennes. Al Qaîda fait le forcing et affiche clairement son intention de s’installer aux frontières tunisiennes. Le contexte géopolitique l’y prédispose.
Les révolutions arabes au Maghreb (Libye et Tunisie) ont donné un souffle nouveau aux groupes terroristes qui se sont surarmés après avoir puisé dans les arsenaux de l’ex-guide de la Jamahiriya, Mouaâmar El Gueddafi, tué le 20 octobre 2011 par la rébellion, libyenne dans les environs de Syrte. Les attaques perpétrées contre le consulalt américain à Benghazi et l’ambassade de France à Tripoli, renseignent sur le degré de nuisance des groupes terroristes proches d’Al Qaîda. D’autant plus que le conflit libyen a redonné du poil de la bête aux groupes jihadistes et suscite désormais la crainte d’un chaos durable dans la région. Un scénario qui est renforcé par l’omniprésence de groupes islamistes armés et la dégradation de la situation sécuritaire en Tunisie. Une conjoncture qui ne manquera pas d’affecter nos voisins de l’Est dont l’économie repose en grande partie sur le secteur touristique. Le constat est alarmant, puisque les complexes touristiques de Hammamet, Tabarka et Sousse n’ont accueilli, au cours des deux dernières années, que 15% des touristes. Si le phénomène fait tâche d’huile, deux pays au moins risquent de trinquer. En effet, le secteur du tourisme est un important créneau générateur de devises et d’emplois au Maroc et en Tunisie. Quelque 500.000 touristes au Royaume chérifien qui, bon an mal an, attire une dizaine de millions de touristes. Près de 400.000 touristes en Tunisie qui frôlait la barre des 8 millions de visiteurs avant la révolution du Jasmin. Cette industrie a brassé durant l’année 2010, 12,6 milliards de dollars au Maroc et près de 7 milliards de dollars la même année en Tunisie (voir L’Expression du 15 décembre 2011) qui peine depuis la chute du régime de Benali (le 14 janvier 2011) à attirer autant de monde.
En ce qui concerne l’Algérie, c’est le tourisme saharien qui en a surtout pâti. Après l’attaque du site gazier d’In Amenas, au mois de janvier 2013 par un groupe terroriste (en provenance de Libye), la France avait déconseillé à ses ressortissants tous déplacements vers le sud du pays tandis que les Etats-Unis avaient pris la décision de rapatrier les familles de leurs diplomates en poste à Alger. C’est donc de manière tout à fait légitime que l’Algérie a considérablement renforcé ses troupes aux frontières pour faire face à d’hypothétiques actions terroristes spectaculaires du même type que celle revendiquée par Al Qaîda au Maghreb islamique qui a provoqué, au mois de juin 2010, l’assassinat de sept gendarmes et deux gardes communaux à Tin Zaouatine, aux frontières avec le Mali, à 550 km au sud de Tamanrasset…
L’expansion des groupuscules islamistes armés en Tunisie depuis la révolution du Jasmin a ouvert un autre front qui confirme,
qu’Al Qaîda est une menace permanente. Ce qui n’a pas manqué de renforcer la coopération sécuritaire entre Alger et Tunis.