Un succès qui ne fait pas l’unanimité…
Si la tentative de destitution du secrétaire général du Front de libération nationale devait se concrétiser, elle constituerait un véritable hold-up au lendemain d’une éclatante victoire dont il est le principal artisan.
Les redresseurs se sont tirés une balle dans le pied. Voici ce que disait leur chef de file dans une interview accordée aux médias le 12 avril dernier:
«Si on obtient la moitié ou le quart des sièges qu’on a pu avoir en 2007, ce serait bien. Donc, on ne veut pas que la faillite et l’échec de cet homme (Belkhadem, Ndlr) soient inscrits sur le dos du Front de libération nationale. On veut prendre à témoin les militants et les citoyens», avait pronostiqué, un des plus virulents adversaires du SG du FLN. Pari perdu!
Le SG du FLN est sorti vainqueur du scrutin du 10 mai. C’est incontestable. Les redresseurs doivent en toute logique rendre les armes. Leur rêve de voir Belkhadem mener le Front de libération nationale à la catastrophe s’est effondré. Ils reviennent pourtant à la charge et demandent la tête de celui qu’ils ne reconnaissent pas comme patron. Il y a un scénario qu’ils semblent négliger et qui devrait pourtant changer la donne. En effet, et si Abdelaziz Belkhadem devait être appelé
à diriger le prochain gouvernement? Ce qui, après tout, ne serait que logique étant donné le succès éclatant que vient de remporter son parti. Qu’auront à redire ses détracteurs? Iront-ils jusqu’à critiquer le choix du Président de la République? On sera édifié sur cette question dans les tout prochains jours. Pendant ce temps-là, on tente de minimiser le rôle joué pendant la campagne électorale par le secrétaire général du Front de libération nationale. Parti à la conquête du Palais Zighout Youcef avec des listes controversées et une stratégie de campagne que ses opposants (au sein du FLN) n’ont cessé de dénoncer et de qualifier de suicidaire, l’ex-chef du gouvernement a réussi à déjouer tous les pronostics en propulsant l’ex-parti unique à la première place. Il a finalement frôlé de peu la majorité absolue (une dizaine de sièges) au sein de la prochaine Assemblée nationale. Une performance que ses détracteurs attribuent au chef de l’Etat qui a appelé les Algériens à se rendre massivement aux urnes lors de la visite de travail qu’il avait effectuée à Sétif. Abdelaziz Bouteflika était dans son rôle. Il n’a fait qu’insister sur l’importance de ce rendez-vous électoral.
Le premier magistrat du pays a boosté l’élection du 10 mai. Tous les partis se sont échinés à en faire autant. Quoi de plus normal dans ce cas? Les Algériens lui ont tendu une oreille attentive. De quoi se plaint-on alors? Des voix se sont élevées pour dire que le discours du chef de l’Etat a profité au FLN. «En votant FLN, les électeurs ont plébiscité le président de la République, incarnation de la légitimité historique…», a estimé le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia dans un entretien, accordé à un quotidien national. Une analyse partagée par les redresseurs. Qu’avait dit au juste le locataire d’El Mouradia?
«J’appelle toutes les catégories de la société à exprimer leur choix libre et à élire leurs représentants nonobstant leur obédience ou leur appartenance, lors de ces législatives qui se distingueront des précédentes par une large participation de différents courants politiques, mais aussi par une forte présence des femmes et des jeunes sur les listes de candidatures favorisée par l’évolution démocratique dans notre pays», avait déclaré Abdelaziz Bouteflika dans son allocution prononcée, à Sétif, à l’occasion de la commémoration du 67e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945. L’appel ne souffre aucune ambiguïté: les électeurs sont libres de donner leurs suffrages aux candidats de leur choix, a souligné le chef de l’Etat.
La polémique n’a pourtant pas cessé d’enfler alors qu’en temps réel l’Algérie entière avait salué le discours du Président de la République.
Les qualificatifs n’ont pas manqué: «Emouvant», «historique»…On ne peut que constater qu’il y a comme quelque chose qui ne tourne pas rond dans la démarche des détracteurs du SG du FLN, il faut l’avouer, est loin d’être dénuée d’arrière-pensées. Ses opposants ne sont pas des enfants de choeur. Personne ne doit l’ignorer.
En politique, peu de responsables lavent plus blanc que blanc. Dans le domaine sportif il y a une loi pratiquement sans appel qui dit: «On ne change pas une équipe qui gagne.»
Les révoltés du FLN loin d’être «fair-play» doivent pourtant la méditer avant de se lancer dans une aventure qui a un arrière-goût de règlement de comptes et de calculs personnels…