Les ravages des produits d’importation douteux sur la santé des Algériens seraient incommensurables.
A priori, le malaise qui semble miner la corporation des vendeurs de friperie est national.
Les marchands de friperie montent au créneau. Depuis quelques jours, des dizaines de commerçants font un sit-in devant le siège de la Maison de la presse du 1er-Mai, à Alger. Cette action intervient à moins d’une semaine d’une précédente manifestation dans la capitale mais fait également écho à une autre protestation à Oran. A priori, le malaise qui semble miner la corporation des vendeurs de friperie est national. Ces derniers manifestent leur colère suite à l’adoption par le Parlement d’une disposition qui sonne le glas de l’importation des vêtements usagés. Selon certaines sources, cette mesure introduite dans la loi de finances 2012, adoptée le mois dernier, pourrait affecter les quelque 25.000 opérateurs d’un secteur qui a connu un franc-succès auprès des bourses modestes algériennes.
A en croire Cherif Ferhi, président de l’association des importateurs de friperie, cette loi ne sert pas les dizaines de milliers de personnes aux faibles revenus et qui sont contraints de s’approvisionner auprès de ces boutiques. Il a avancé l’argument selon lequel la frange défavorisée de la population qui ne peut prétendre à acquérir des vêtements neufs ne sera que plus lésée car n’étant pas en mesure de s’offrir des vêtements neufs et s’oriente donc vers la friperie cédée à des prix bas. Mais le gouvernement et le Parlement ont un autre avis.
Le ministre des Finances, M.Karim Djoudi, a déclaré que «l’assainissement du secteur du textile nous a coûté 60 milliards de DA, et nous avons aujourd’hui besoin de créer de la valeur ajoutée et non pas d’importer davantage». Quant à la Commission des finances, elle a justifié cette interdiction «par le souci de la protection de la production nationale des textiles et les risques engendrés par ces vêtements utilisés sur la santé publique». En fait, c’est ce dernier point qui devrait requérir toute l’attention des responsables et des consommateurs.
Les ravages des produits d’importation douteux sur la santé des Algériens seraient incommensurables. L’on avance à ce titre le chiffre effarant de 13.000 amputations des membres inférieurs opérées en l’espace de deux ans. Il serait principalement le fait de la chaussure chinoise dont le marché national est abondamment arrosé. Selon la source médicale qui rend publique cette information, ce chiffre déjà effroyable, ne concerne que les malades diabétiques dont les infections dues aux allergies déclenchées par les matériaux utilisés dans la confection des chaussures mises en cause ont aggravé les complications au stade de l’amputation.
Devant ce constat alarmant, l’on ne peut que se résoudre a admettre la pertinence de l’adage: «Santé passe richesse», car il serait scandaleux de cultiver la loi de l’omerta sinon d’un silence coupable, uniquement pour préserver les intérêts d’importateurs animés par l’appât du gain. Plus que jamais, les différents services publics censés protéger le consommateur doivent s’acquitter de leur mission.
Notamment celle de faire barrage aux produits de qualité discutable et dont un pays comme l’Algérie pourrait aisément faire l’économie. Pour ce faire, notre pays doit disposer justement des outils à même de le prémunir de toute périlleuse aventure, comme en témoigne Nouredine Boudissa, Directeur général de l’Office algérien d’accréditation. Ce responsable nous a indiqué, dans un entretien téléphonique, que les problèmes liés au contrôle des marchandises de toutes sortes, y compris la friperie, peut être réglé si les pouvoirs publics prennent les musures adéquates. «Les laboratoires de contrôle existent bel et bien tant pour les cuirs que pour les textiles» Mais l’on constate sur le terrain que l’efficacité des ces derniers est nulle. Que faire alors dans ce cas? Notre interlocuteur souligne que «l’Etat devrait rendre obligatoire l’accréditation des laboratoires de contrôle. Surtout lorsque les produits ont un lien avec la santé et la sécurité des consommateurs. C’est le cas pour les médicaments et les produits alimentaires mais également pour les textiles et cuirs».
Notons enfin qu’en marge de ce branle-bas de combat, et comble de l’ironie, l’Union générale des artisans et commerçants algériens se sent une vocation politique et appelle à la création d’un parti au nom des commerçants dont elle défendra les intérêts.