Le mouvement a débuté en 2003, on a commencé à voir apparaître dans le paysage commercial algérien, essentiellement dans la Capitale, des « magasins de marque » comme on dit chez nous.
Son évolution n’a pas été celle d’un long fleuve tranquille. Certains sont venus et repartis très vite comme Carrefour. D’autres sont partis en laissant des ardoises comme le belge Quick , dont les fasts foods algérois n’ont pas tenu la route. Il y a aussi ceux qui étaient partis et qui sont en train de revenir comme Celio ou Naf Naf .
Parce que le phénomène est en train de s’amplifier. Les grandes villes algériennes sont en mal de boutiques. L’engouement, des consommateurs algériens pour la griffe étrangère, non contrefaite même si les prix restent élevés, est clair. Il suscite l’intérêt des fabricants étrangers de ces marques. Un intérêt croissant durant les dernières années, motivé par l’attrait d’un marché algérien dopé par les récentes augmentations de salaires. La liste des enseignes s’allonge à grande vitesse. La palme revient indiscutablement à la « fringue », Jules, Célio, Levi’s, Nike, on annonce Zara, qui doivent représenter près de la moitié des nouvelles boutiques. Mais on trouve également Hippopotamus pour la restauration, Dessange et Yves Rocher pour la coiffure et le cosmétique, Springfield et Mango dans le prêt-à-porter, Guy Degrenne pour la décoration et arts de la table, Speedy pour l’entretien et la réparation automobiles. La liste est loin d’être exhaustive…
Au cours des dernières années, des dizaines de contrats de partenariat en franchise ont été noués et de nombreuses enseignes élargissent progressivement leurs réseaux de magasins . De grandes marques de distribution spécialisée, notamment Ikea pour le meuble, ont également affiché leur intérêt pour une implantation directe. Le développement des centres commerciaux accélère le mouvement et à Alger, Bab ezzouar est en train de devenir la Mecque des magasins branchés, même s’il est concurrencé par le quartier chic de Sidi Yahia ou encore, plus timidement, par le centre-ville qui amorce son rattrapage.
Des contraintes persistantes
Malgré ces évolutions récentes, la franchise reste encore peu développée en Algérie à l’inverse de la Tunisie et surtout du Maroc où l’on compte déjà plus de 400 réseaux de franchise qui emploie des dizaines de milliers de personnes. Dans notre pays, un certain nombre de contraintes majeures brident encore son développement. Le concept lui-même est encore mal connu des consommateurs algériens qui ne savent pas le plus souvent qu’une franchise opérant en Algérie est une entreprise algérienne inscrite au registre du commerce local même si elle est reliée par contrat à une compagnie étrangère.
En Algérie, la franchise n’est ni interdite ni autorisée. Tolérée et bien présente, elle n’est pas encadrée légalement et réglementairement. Elle est fragilisée par l’interdiction de versement des royalties aux franchiseurs étrangers, des prix de location de plus en plus élevés dans les grandes villes, une administration trop lourde et des ports réputés pour des problèmes de fiabilité…
La franchise industrielle à ses balbutiements
Le passage de la franchise commerciale à la franchise industrielle, qui a bien meilleure presse dans notre pays, reste conditionné par le cadre général de l’investissement. Tandis qu’au Maroc on compte déjà dans ce domaine une cinquantaine de producteurs nationaux, en Algérie, la franchise industrielle commence à peine à émerger dans le domaine du médicament, des cosmétiques ou de l’agroalimentaire. Un exemple récent et intéressant est celui du réseau national de franchise développé par la société privée BKL, spécialisée dans la fabrication de fenêtres, et des jeunes promoteurs algériens, avec l’appui d’une banque publique. En contrepartie d’un droit d’entrée, les promoteurs bénéficient de l’accompagnement de leur franchiseur et d’un accès facilité au financement.
Quel avenir pour la franchise ?
La franchise a-t-elle un avenir en Algérie ? La question reste posée et dépendra fortement de la perception des pouvoirs publics. Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres c’est une véritable « feuille de route » que les animateurs du groupe Nabni ont récemment rendu publique à l’occasion de leur rapport intitulé « Algérie Horizon 2020 ». Un plaidoyer vigoureux en faveur de la mise en place d’un statut spécifique du franchisé et d’un environnement juridique favorable à la conclusion de contrats entre grandes enseignes et franchisés algériens. Un environnement plus incitatif qui passe principalement,selon Nabni, par la levée de la soumission à l’autorisation préalable de la Banque d’Algérie pour le transfert des royalties, une approbation rapide de l’ouverture de nouveaux magasins, la levée de l’obligation d’obtenir une nouvelle autorisation dans chaque Wilaya et l’accès au couloir vert pour les franchisés des grandes enseignes nationales ou internationales