Une scène du film Zabana!
Les organisateurs africains avaient justifié leur décision par «l’absence de… fiche technique».
L’Algérie ne sera pas en force au Fespaco comme on l’a affirmé dans la presse nationale il n’y a pas longtemps. Le film Zabana! pourrait être retiré du Fespaco a indiqué le réalisateur Said Ould-Khelifa, après que le comité de sélection eût inscrit le film dans… la compétition numérique! Une compétition jugée inférieure pour un film qui a été sélectionné à Toronto, à Dubaï, à Téheran, à Mons en Belgique et plus récemment au marché du Festival de Berlin, ne pouvait pas figurer dans une compétition de films où étaient sélectionnés 18 films vidéos numériques issus de 15 pays, essentiellement africains anglophones, comme le Nigéria (Heroes and Zeros d’Adeniji Akanni), l’Afrique du Sud (Inside Story de Nikiwe Rolie), le Zimbabwe (Playing Warriors de Rumbi Katedza), le Kenya (The Captain of Nakara de Bob Nyanja), l’Ouganda (The Ugandan de Patrick Sekyaya) et la Tanzanie (Zamora de Bhanji Shams).
Les organisateurs africains avaient justifié leur décision par «l’absence de… fiche technique», indiquant que le film a été tourné en scope, alors qu’il suffisait de cliquer sur le site du festival de Toronto, par exemple, ou de contacter Laith Media ou bien l’Aarc, le co-producteur, pour savoir si le film était disponible en 35 mm.
Les méfaits de la colonisation
Le délégué du Fespaco, Michel Ouédraogo, avait également refusé d’annoncer le changement de la section du film Zabana!, lors de la conférence de presse organisée le 14 janvier à la Cinémathèque française à Paris, lors de présentation officielle de la sélection des films du Fespaco 2013, sous prétexte que le catalogue était déjà imprimé. Cette attitude des organisateurs africains obéirait-elle, surtout, à un plan pour empêcher le film qui évoque les méfaits de la colonisation française d’être sous les feux des projecteurs africains?
Dans un mail envoyé à la production algérienne Laith média, le chef du service conservation département cinémathèque africaine, François A. Akouabou Adianaga, avait rectifié le tir et envoyé une lettre d’invitation officielle à Said Ould Khelifa, mais le coup était déjà parti!
Said Ould Khelifa qui connait bien les coulisses du Fespaco pour avoir couvert certaines éditions comme critique de cinéma dans les années 80, redoutait un coup «tordu» des organisateurs. «En plus, par respect, pour mon pays et pour le thème traité, j’ai fait le choix de refuser ce genre de traitement. C’est bien sûr une position personnelle, mais ce n’est pas un caprice non plus… Parfois ça fait du bien d’imposer le respect», déclarait l’auteur de Zabana!, en annonçant son choix de ne pas accepter pareil comportement. Malgré le «revirement des organisateurs, qui ont «rattrapé» le coup, une fois de retour à Ouagadougou, d’où ils enverront, deux semaines après, une correspondance, signifiant que l’erreur a été réparée et que le film sera bel et bien dans la compétition officielle et de ce fait il pourra concourir pour la récompense suprême du Festival, l’Etalon d’Or, l’Etalon de Yennenga. Il faut dire que depuis l’assassinat de Thomas Sankara, symbole de la résistance à la colonisation et à la dépendance de la France, le Fespaco est devenu un espace d’expression culturelle pour l’ancienne puissance coloniale, déserté par les ténors de l’envergure de Med Hondo, Haïlé Gérima etc… La France reste et demeure le premier bailleur de fonds du Fespaco, suivie du Maroc et de la Belgique. Mais c’est normal puisqu’aucun bailleur de fonds du Festival n’est africain. Le Fespaco est financé par l’Agence internationale de la francophonie (AIF), le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), l’Unesco, l’Unicef et surtout l’Union européenne. Le Maroc s’est rajouté à la liste des bailleurs il y a quelques années en donnant des avantages au Burkina Faso, notamment des facilités pour le développement des films au Maroc à travers une directive instruite par le directeur du CMC (Centre marocain du cinéma), Noureddine Saïl, un invité de marque du Fespaco. Ce qui explique la présence de la délégation générale du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) à Tanger, du 1er février au 4 février 2013 pour lancer officiellement la 23e édition de la fête du cinéma africain.
L’aide de l’Algérie
La dernière fois qu’une délégation du Fespaco a organisé une conférence de presse à Alger, c’était à l’occasion du Panafricain en 2009. A l’époque, son délégué, au festival, Oauga Michel Ouédraogo, qui était en difficulté financière était venu profiter de l’aisance financière de l’Algérie et demander de l’aide au ministère de la Culture et profiter aussi du budget réservé aux productions africaines dans le cadre du Panaf. Il avait organisé une conférence de presse dans ce sens à la Cinémathèque algérienne.
Pour le producteur du film Yacine Laloui, le film Zabana! a été envoyé par l’Algérie et demeure en course pour «l’Etalon d’or» de Yennenga. En l’absence du réalisateur et du producteur, c’est la chef de cabinet du ministère de la Culture, Mme Zahera Yahi, qui accompagne la copie 35mm à Ouagadougou où le film est programmé en compétition officielle le mercredi 27 février à la salle Burkina et le jeudi à la salle de l’Institut français.
En cas de retrait de Zabana!, (ce qui n’est pas encore réglé) l’Algérie ne sera représentée officiellement en compétition que par deux longs métrages (Yema de Djamila Sahraoui et Le repenti de Merzak Allouache) un doc et un court métrage. Enfin, l’autre polémique qui pourrait surgir entre le Fespaco et l’Algérie, c’est le refus du festival du Burkina Faso, d’organiser une rétrospective des films sur la révolution algérienne à l’occasion du 50e anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie, alors que le Fespaco organise une thématique sur les 50 ans d’Indépendance de certains Etats africains…. l’Algérie n’a pas été citée dans cette thématique.