Dans une lettre ouverte au président français, le réalisateur Thierry Lamireau dénonce l’utilisation par l’armée française de l’uranium appauvri.
L’aviation française a abondamment pilonné les massifs d’Adrar Ifoghas et tout le nord du Mali.
Dans cette missive, publiée par le site écologiste www.reporterre.net, l’enseignant et militant des droits de l’homme rappelle à l’adresse de François Hollande qu’ »Au Mali, en votre nom, la France a décidé d’envoyer, entre autres, des Mirage 2000, des Rafale, des hélicoptères Tigre et certains blindés. Pour une destruction plus rapide et « efficace », ces appareils utilisent les « munitions flèches » à l’uranium « appauvri ». »
Thierry Lamireau s’interroge sur le silence des médias sur cette affaire et pointe « l’omerta » médiatique. Il est manifeste que dans cette guerre du Mali, les seules images auxquelles les médias véhiculent sont celles autorisées par l’armée française, voire parfois délivrées par celle-ci. Une seule vidéo de bombardement à Konna a été révélée jusqu’à présent par l’armée française depuis le début de l’opération Serval. Lamireau explique que « bizarrement, les médias ne peuvent témoigner des actions de l’armée française notamment dans le nord du Mali. L’une des raisons de cette « omerta » est très certainement l’utilisation des armes à l’uranium « appauvri » par les aéronefs français. Mon expérience de l’analyse des rares images présentées ici ou là m’amène justement à aller vers cette affirmation. Ainsi, cette utilisation d’armes nucléaires s’est banalisée dans l’indifférence générale. »
Pour Thierry Lamireau, « l’uranium métal inclus dans le pénétrateur de ces armes est, si l’on peut dire, l’arbalète des temps modernes. L’uranium « appauvri » est plus dense que le plomb et, de ce fait, au lieu de traverser un char en traverse deux ou pénètre dans des bâtiments en béton à des profondeurs encore plus importantes. Après le lancement de l’obus, le sabot s’ouvre en libérant le pénétrateur à une vitesse supersonique de 1700 mètres par seconde. A cette vitesse, l’impact est celui d’un caillou dans l’eau, le blindage de l’objectif visé jouant le rôle de l’eau et la flèche de l’arme celui du caillou » Son utilisation coûte moins cher, mais ses effets sur la nature et l’homme sont « dévastateurs ».
« L’entrée brutale dans la cible entraîne une surpression terrible capable de faire sauter une tourelle de char comme un bouchon de champagne. De plus, la vitesse et le contact entre les deux matériaux (celui de l’arme et de la cible) dégagent une énorme chaleur de rayonnement dont l’effet destructeur s’ajoute aux précédents. Enfin, l’uranium est un matériau pyrophorique, c’est-à-dire qu’il prend feu dans l’air. L’uranium s’oxyde si vite qu’il prend feu en libérant in situ différentes particules radioactives et chimiques ». Il est évident que cette arme est « radioactive », explique le militant écologiste. L’uranium « appauvri » est un déchet nucléaire «recyclé » par les pays utilisateurs comme une munition classique. C’est un déchet radioactif issu de l’enrichissement de l’uranium destiné aux réacteurs nucléaires civils et militaires », explique-t-il. « La désinformation, estime Thierry Lamireau, qui présente l’uranium « appauvri » comme un produit anodin, permet aux pays comme la France de se défausser de la prise en charge des coûts de décontamination mais surtout de banaliser dans l’indifférence générale l’usage de telles armes dans les conflits en condamnant pour « l’éternité » des populations civiles innocentes ».
Si aucune information n’a filtré jusqu’à présent sur l’utilisation de cette arme au Sahel, la charge contre l’armée française qui traquent les narco-islamistes depuis le 11 janvier dans le nord-Mali est grave.
Hamid Arab