La France souffle le chaud et le froid

La France souffle le chaud et le froid

Hier, s’est tenue à Alger une rencontre d’une extrême importance des chefs de services de renseignements des pays du Sahel.

Le langage de la France a radicalement changé en ce qui concerne les otages au Sahel. Après les menaces à la limite de déclarations de guerre, des responsables français, dont le président Nicolas Sarkozy, l’Hexagone baisse le ton et cherche tout simplement à «entrer en contact» avec les ravisseurs. «La France est prête à engager des contacts à tout moment avec les ravisseurs d’Al Qaîda», a déclaré le ministre français de la Défense, Hervé Morin.

La France revient, a priori, à de bons sentiments, après avoir déclaré mener une guerre contre Al Qaîda au Sahel et a même dépêché près de 1000 soldats dans la région. Echaudé par l’échec de l’opération pour libérer Michel Germaneau, le Quai d’Orsay a subitement changé de ton sachant qu’une intervention militaire serait catastrophique et périlleuse pour la vie des otages. Alors que l’on ne sait toujours rien sur les otages détenus dans le nord du Mali par les ravisseurs du tristement célèbre Abou Zeid, la France, multiplie des réunions.

Le Premier ministre français a fait lui aussi le point sur la situation avec les parlementaires. François Fillon a «pris l’initiative» mardi de faire le point sur l’état de la menace terroriste, notamment en France en regroupant des parlementaires de la majorité et de l’opposition.

Le Premier ministre français a rappelé que le gouvernement a comme priorité absolue la libération des otages sains et saufs. Les patrons de la direction centrale du renseignement intérieur (Dcri) Bernard Squarcini et de la Direction générale de la sécurité extérieure (Dgse) Erard Corbin de Mangoux, ont été conviés à cette réunion.

Mais au point où en sont les choses on peut dire que c’est tout l’Occident qui est en ébullition à cause de la menace terroriste. Alors qu’on parle d’un attentat déjoué en Europe, l’Espagne vient d’arrêter un Américain à Barcelone, accusé d’avoir financé Al Qaîda.

Il s’agit d’un individu de 43 ans, Mohamed Omar Debhi de nationalité américaine et d’origine algérienne.

Le présumé accusé aurait transmis plus de 60.000 euros par le biais d’un certain Toufik Mizi, recherché aussi pour terrorisme à une cellule d’Al Qaîda au Sahel. L’actualité est réservée exclusivement ces dernières semaines au contexte sécuritaire et à la menace terroriste internationale.

L’Algérie n’est pas en reste, puisque s’est tenue, hier, à Alger une rencontre d’une extrême importance entre des chefs de services de renseignements des quatre pays concernés par la sécurité au niveau du Sahel.

Il s’agit de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger. Il était question de dégager les mécanismes en mesure d’assurer une coordination du renseignement entre ces quatre pays et de placer cette mesure comme vecteur essentiel dans la lutte antiterroriste.

Cependant, il est d’abord question de s’entendre sur l’implication du renseignement dans la lutte, car certains pays du Sahel, comme nous l’avons rapporté dans notre édition d’hier, manifestent une certaine méfiance à ce propos, pour des raisons de manipulation et de manque de confiance.

Selon des sources sécuritaires très au fait du dossier, il ne faut pas compter sur cette réunion car il va falloir un peu de temps pour surmonter les divergences latentes. Les mêmes sources ont indiqué qu’il était indispensable d’organiser plusieurs réunions dans ce sens afin d’aboutir à un consensus sur le principe qui régit les mécanismes de coordination. Nul n’ignore qu’au moins deux pays ont carrément fait fi des engagements pris précédemment par leurs représentants à Tamanrasset et ce, au profit de la France.

Ikram GHIOUA