La France reconnaît une lenteur dans sa gestion du dossier de la mémoire avec l’Algérie

La France reconnaît une lenteur dans sa gestion du dossier de la mémoire avec l’Algérie

La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, admet la lenteur de Paris dans le traitement de la mémoire avec l’Algérie et d’autres pays africains tels que le Rwanda et le Bénin. Dans une interview accordée au journal « Le Monde » dimanche dernier, Colonna souligne l’urgence de réexaminer les relations de la France avec ces pays qui partagent un passé commun.

Elle insiste sur le besoin de prendre des mesures concrètes en matière de mémoire, d’histoire et de restitution artistique, que ce soit pour le Rwanda, l’Algérie, le Cameroun ou le Bénin.

La ministre française considère que les récents événements dans certains pays africains tels que le Niger et le Mali sont des signaux indiquant que la France doit accélérer sa réévaluation globale de ses relations avec le continent africain. Elle souligne que le concept de « France – Afrique » est obsolète depuis longtemps. En effet, au cours des six dernières années, Paris a développé des partenariats et a augmenté de 50 % ses investissements solidaires, prête à les renforcer davantage avec les pays partageant un passé commun, comme l’Algérie, le Rwanda et le Bénin.

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Catherine Colonna exprime ses préoccupations concernant ces crises, craignant qu’elles ne ramènent parfois la France cinquante ans en arrière. Cependant, elle insiste sur le fait que Paris ne doit pas considérer ses relations avec l’Afrique uniquement sous cet angle. Selon elle, la France doit éviter de réduire ses relations avec 1,5 milliard d’Africains à quelques milliers de manifestants à Niamey, dont certains sont rémunérés. Elle souligne que l’Afrique ne se limite pas à la région sahélienne, et que la France développe également des relations avec des pays où sa présence était moindre, comme le Kenya, l’Afrique du Sud et l’Éthiopie.

A quand la seconde réunion Commission des historiens (Algérie – France) ?

Cette reconnaissance de la ministre française intervient alors que les délégations françaises et algériennes se préparent à annoncer la date de la deuxième réunion de la Commission des historiens, qui se tiendra en Algérie, après leur réunion en avril dernier à Paris.

Cette commission travaille sur le dossier de la mémoire entre les deux pays, un dossier qui nécessite la reconnaissance de la part de la France. En effet, la résolution du dossier de la mémoire, selon la position algérienne, devrait passer par la reconnaissance de tous les aspects de la période coloniale, de 1830 à 1962, en tant que point central. La mémoire ne se limite pas seulement à la Guerre de libération, et la France ne peut pas ignorer sa responsabilité pour les souffrances endurées par les Algériens et les martyrs pendant plus d’un siècle et un tiers.

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La reconnaissance de la lenteur de la France dans la gestion de la mémoire avec l’Algérie et d’autres pays africains est un pas important vers une meilleure compréhension des enjeux historiques. Il est essentiel de travailler sur une réconciliation basée sur une perspective inclusive de l’histoire, qui tient compte de toutes les facettes de la relation entre la France et ses anciennes colonies.