«L’arrivée de convois de combattants jihadistes est une information archifausse»
La décision du Conseil de sécurité, qui n’a pas ratifié la déclaration de guerre, n’a pas tempéré les ardeurs des va-t-en guerre.
Bruit de bottes au Sahel, plus précisément au nord du Mali. L’écho du président François Hollande annonçant la fin de la FranceAfrique n’est pas encore revenu que la même France enfourche, non sans précipitation, son cheval pour mener une «croisade» contre le Mali, un pays avec lequel l’Algérie partage 1261km de frontières. Finalement, la décision du Conseil de sécurité, qui n’a pas ratifié la déclaration de guerre telle qu’elle a été proposée par la France, n’a pas tempéré les ardeurs des va-t-en guerre. On cumule alors les arguments qui plaident en faveur d’une attaque militaire. Première salve, premier argument belliqueux indémontable: Se basant sur des témoignages «confirmés de source sécuritaire malienne», l’AFP a annoncé hier, «l’arrivée de centaines de jihadistes venus du Soudan et du Sahara occidental et prêts à se battre au côté des groupes islamistes occupant le nord du Mali depuis près de sept mois, en cas d’intervention armée internationale». Du tac au tac, la rébellion touaregue du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) a démenti «formellement» hier, cet afflux de jihadistes soudanais et sahraouis dans le nord du Mali. «L’arrivée de convois de combattants jihadistes du Soudan et du Sahara occidental est une information archifausse. Nous démentons formellement», a déclaré Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, l’un des responsables du Mnla vivant à Ouagadougou. Toujours aussi bruyant, le lobbying de la guerre ne désarme pas pour autant. Il avance un autre argument justifiant cette guerre. Il faut attaquer avant l’arrivée des grandes chaleurs et des vents de sable dans cette région désertique. En d’autres termes, la guerre doit avoir lieu avant le mois de mars. C’est ce que prétend le ministre français de la Défense. Intervenant mardi 16 octobre sur la chaîne publique France 2, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a assuré que l’intervention militaire française au Nord-Mali, «est une question de quelques semaines, pas plusieurs mois». Une déclaration en totale discordance avec les prévisions d’Alger où des sources diplomatiques rapportent que «l’intervention militaire au nord du Mali ne se fera pas avant quatre mois, voire même dans six mois». Et voilà le bras de fer engagé entre les pour et les contre la guerre. La France accentue la pression. Politiquement l’initiative de l’Elysée a largement trouvé un consensus. L’Algérie a donné son accord s’il s’agissait d’attaquer des bases d’Al Qaîda. C’est-à- dire identifier clairement les cibles qui feront l’objet de cette attaque. Car, il faut dire que sur le terrain la situation est loin d’être assainie. En plus de définir ces cibles, il faut une logistique suffisamment fournie pour les troupes de l’armée malienne qui feront le travail au sol. Cela suppose une armée structurée, organisée et bien entraînée. Or c’est loin d’être le cas à présent pour les forces militaires du Mali. C’est même toute la problématique. Il va falloir donc réorganiser de fond en comble cette armée, la doter de matériel et l’entraîner, ce qui prendra plusieurs mois avant de penser à une intervention militaire. Ensuite, il faut trouver les critères d’une coordination militaire qui mènera les opérations. Il faudra un haut commandement opérationnel. Qui le chapeautera? C’est dire que l’affaire n’est pas encore pliée en faveur des partisans de la guerre. Cela sans compter l’opposition interne en France qui commence à se faire entendre au moment où le chômage bat son plein. Les coûts de la guerre et le risque d’un enlisement dans un conflit aussi lointain que celui de l’Afghanistan risque de coûter très cher au Partis socialiste français qui n’a pas eu «sa guerre» depuis très longtemps. Sans relâche, l’Algérie défend bec et ongles la voie diplomatique pour le règlement de ce conflit. Hier, c’est le ministre burkinabé des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Djibril Bassolé qui est arrivé à Alger. Il a fait part de son «souhait» de voir les Maliens «se retrouver, consolider leurs institutions et doter leur pays d’institutions stables». «Nous fondons beaucoup d’espoir que les assises nationales qui ont été annoncées au Mali soient véritablement une occasion pour les Maliens de se retrouver, consolider leurs institutions et définir ensuite les différentes étapes de ce processus de transition», a déclaré à la presse M.Bassolé, à l’issue de ses entretiens avec le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci.