En perdant sa place de premier producteur de blé de l’Union européenne, la France perd aussi sa traditionnelle position de premier fournisseur de l’Algérie.
« L’Algérie, troisième plus gros acheteur de blé au monde derrière l’Egypte et l’Indonésie, pourrait acheter deux fois moins de blé français cette année que l’an passé », prédit Paul Gaffet, analyste chez Offre & Demande Agricole (ODA), cité par Bloomberg.
Cette rétrogradation de la France sur le marché international, avec une chute drastique de ses ventes qui pourraient baisser de 45% cette saison, est liée à la baisse de sa production mais également aux problèmes de qualité. Cette conjoncture a laissé le champ libre à ses concurrents qui proposent aussi du blé de meilleure qualité et à des prix moins élevés. Ses clients, notamment l’Algérie et l’Egypte ont des exigences notamment en matière de qualité des grains.
Or les conditions météorologiques exécrables ce printemps dans les grandes régions céréalières de l’Hexagone, où les pluies n’avaient pas été aussi abondantes depuis 1959, ont bouleversé le développement des épis, donnant des blés de qualités hétérogènes », expliquent les analystes.

Après l’une des récoltes les plus catastrophiques que la France ait connue depuis trois décennies, il lui sera difficile de répondre à des cahiers des charges stricts, sur lesquels il n’y a pas de négociations possibles », admet Olivia Le Lamer, responsable de l’unité grandes cultures chez FranceAgriMer, dans une déclaration publiée par le site français lesechos.fr
Les débouchés en Afrique du Nord, notamment en Algérie et au Maroc, et au Moyen-Orient sont, selon elle, les premiers impactés. Les toute premières prévisions de FranceAgriMer se montent à 4,7 millions de tonnes sur 2016-2017, soit le volume le plus faible depuis 2003-2004. Les exportations de blé français vers ces pays tiers risquent donc de s’effondrer durant cette campagne de commercialisation de céréales qui s’achève le 30 juin 2017.
Selon Agritel, une société experte en stratégies des marchés agricoles et agro-industriels, la France ne dispose que de 5 millions de tonnes de blé disponibles pour l’exportation vers ses clients au Maghreb, principalement l’Algérie et le Maroc. Une quantité très faible comparativement à la campagne céréalière précédente où elle avait expédié près de 13 millions de tonnes.
Ces pays maghrébins, dont l’Algérie qui devrait importer, selon le CIC, plus de7,3 millions de tonnes durant cette campagne commerciale céréalière, se tourneront probablement vers le blé de la mer Noire, les Etats-Unis, le Canada mais également la Russie, revenue en force sur la scène internationale ces dernières années, avec 30 millions de tonnes destinés à l’exportation.