La France ne veut pas lâcher Boudebouz «Ce sera l’Algérie même si c’est après le Mondial»

La France ne veut pas lâcher Boudebouz «Ce sera l’Algérie même si c’est après le Mondial»

«Ziani et Mansouri ont été les premiers à me pousser vers les Verts .» «J’ai préféré être titulaire à Sochaux plutôt que remplaçant à Manchester United .»

Récemment, vous avez fait part de votre souhait d’intégrer la sélection algérienne. N’est-ce pas plutôt risqué comme déclaration pour un joueur promis à un avenir radieux avec l’équipe de France ?

Risqué ? Pas du tout ! Je suis très attaché à l’Algérie et à l’Equipe nationale. Je ne regrette absolument pas ma préférence pour les Verts. Bien au contraire, je suis son supporter depuis mon enfance. C’est un choix du coeur.

D’ailleurs, je n’en fais pas une fixette. Si on juge bon de me convoquer après le Mondial, je répondrai aussi présent. L’Algérie, ça ne se refuse pas.

A ce jour, avez-vous été sollicité par un membre du staff technique ?

Absolument pas, mais je reste disposé à répondre à toute sollicitation.

Votre club, Sochaux, semble sauvé de la relégation, en grande partie grâce à vous, selon certains observateurs.

Pouvez-vous être amené à quitter ce club pour une grosse écurie ?

Sincèrement, ce n’est pas d’actualité. Je me sens bien à Sochaux et il me reste encore trois années de contrat à honorer.

Pourtant, sans faire dans la langue de bois, vous êtes conscient des convoitises que vous suscitez…

Je n’y prête pas une très grande attention. Ma seule préoccupation est de réaliser une saison pleine. Ce n’est que de cette manière que je pourrai prétendre jouer dans un grand club.

Vous semblez bien posé. Qu’est-ce qui vous plaît autant à Sochaux ?

Ce club m’a donné la possibilité de m’épanouir et de goûter aux joies du monde professionnel.

Vous l’avez certainement mérité…

Peut-être. C’est vrai que j’ai dû me donner à fond pour faire mes preuves, mais Sochaux est un club qui donne une véritable chance aux jeunes. J’ai su la saisir et je ne souhaite que continuer sur cette voie.

Vous rappelez-vous de la date de votre signature chez les pros ?

Bien sûr ! C’était le 1er mars 2008. Je venais de fêter mes 18 ans, dix jours auparavant (19 février, ndlr).

Quels souvenirs en gardez-vous ?

Je me souviens avoir été épaté par la qualité de la pelouse du stade Bonal. Sinon, concernant la signature en elle-même, c’était bien évidemment un moment de grande fierté, notamment pour mes deux frères Medhi et Célim, ainsi que pour mon père, Abdelwahab, et ma mère, Mebarka.

Avez-vous signé en présence du président sochalien ?

Oui, tout à fait. J’étais en face de Jean-Claude Plessis, l’ancien président du club. Mes deux frères et mon père m’accompagnaient, ainsi que mon agent, Karim Aklil.

Ce contrat a, semble-t-il, été une aubaine pour le club, d’autant plus que quelques mois auparavant, vous aviez repoussé les avances de Manchester United…

J’avais 17 ans quand les responsables anglais sont venus me voir chez mes parents, en vue de m’enrôler. Je ne vous cache pas que c’est valorisant de susciter l’intérêt d’un tel club, mais je ne souhaitais pas brûler les étapes.

J’étais convaincu que Sochaux me proposerait un contrat professionnel. J’ai pensé qu’il était préférable de jouer titulaire avec Sochaux plutôt que de faire banquette à Manchester United ou d’intégrer le centre de formation de ce même club.

Comment se passe une négociation avec un tel club ?

Très simplement. L’émissaire de Manchester nous a proposé un contrat financier intéressant ainsi qu’un contrat de 4 ans. A 17 ans, ce ne peut être qu’intéressant, mais je vous le répète, il ne fallait pas brûler les étapes.

Sans regret, donc ?

Absolument. Je n’ai que 20 ans. Si je sollicite à nouveau l’intérêt des grands clubs, je serai désormais plus armé pour répondre à leurs attentes.

Après cet épisode mancunien, les dirigeants sochaliens ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Avez-vous cependant senti une certaine colère chez eux ?

Non. Seulement, je me souviens que le directeur du centre de formation, Jean-Luc Ruty, m’avait convoqué pour rouspéter contre les discussions entreprises avec Manchester.

United, mais ça s’est vite arrangé. Le plus surprenant, c’est que cette rumeur de l’intérêt de Manchester avait été colportée au tout début par des journaux. L’information avait été très vite relayée sans que je n’y sois pour quoi que ce soit.

Une fois le contrat pro signé, vous avez donné satisfaction assez rapidement. Vous souvenez-vous de votre premier but inscrit avec Sochaux ?

Et comment ! C’était face au Mans, au stade Bonal. J’entre à la mi-temps et je marque le but victorieux (2-1). Ce succès nous avait permis de redresser la barre.

C’est votre deuxième saison au plus haut niveau. Songez-vous honorer jusqu’au bout les trois années de contrat qui vous restent ?

Bien sûr ! Je suis engagé jusqu’en 2013.

En dépit de l’intérêt que pourraient manifester plusieurs grands clubs français et européens ?

Je n’y pense pas vraiment. Je suis uniquement concentré sur les prestations de mon club.

Et celles de l’Algérie ?

(sourire) Bien évidemment.

Vous avez suivi les dernières prestations des Verts. Qu’en avez-vous pensé ?

Comme tout le monde, je suis fier de cette qualification pour le Mondial. Notre Equipe nationale possède de très bonnes individualités (Ziani, Meghni… etc) et un public exceptionnel. Il lui reste juste à acquérir plus d’efficacité en attaque et je suis persuadé qu’elle fera des étincelles.

Entretenez-vous des relations avec certains joueurs ?

Oui, avec Karim Ziani, un très bon ami, et Yazid Mansouri avec qui je suis en contact. A vrai dire, ce sont eux les premiers à m’avoir encouragé à rejoindre les Verts.

Vous évoluez en tant que milieu offensif, un poste sacrément déjà bien pourvu en Equipe nationale.

Pensez-vous pouvoir rivaliser avec les Meghni, Ziani, Amri et autres Yebda ?

Je ne souhaite pas intégrer la sélection pour rivaliser avec quiconque. Je souhaite simplement mettre mes compétences au profit de mon pays. Je suis conscient de mes potentialités et, croyez-moi, mon attachement pour le pays n’a d’égal que mon amour pour ma famille et l’Islam.

Permettez-nous une petite parenthèse à ce sujet. Vous semblez très pieux…

C’est vrai.

Pouvons-nous en parler ?

Avec plaisir !

Quelle place accordez-vous à l’Islam ?

Une très grande place. Cette religion fait partie de moi-même. Elle m’a été transmise par mes parents et elle m’apporte une vision et un équilibre indispensables à mon jeune âge.

Et vos parents dans tout ça ?

Ils sont vitaux. Ils sont la clef de ma réussite. Ils ont consenti d’énormes efforts pour nous éduquer au mieux, mes frères et sœurs et moi.

D’où sont-ils originaires ?

La famille de ma mère, Mebarka, vient de Soukh Ahras et celle de mon père de Khenchela.

En quoi sont-ils si importants dans votre réussite ?

Ce sont eux qui m’ont encouragé à poursuivre sur cette voie, à tout faire pour mener à bien mes projets de footballeur professionnel. Mes parents sont indissociables quant à mon parcours.

Vos deux frères, Medhi (27 ans) et Célim (24 ans) baignent-ils également dans le milieu du football ?

Oui, tous deux évoluent dans un club de Ligue 1 de futsal. Ils se débrouillent plutôt bien (rires).

Assistent-ils à vos matchs ?

Oui, tous ceux disputés à domicile.

Et vos parents ?

Mon père, quand il le peut. Ma mère ne vient qu’en été.

A qui avez-vous offert votre premier maillot ?

A mon frère, Medhi.

Vous êtes plutôt restaurant ou plats concoctés par votre mère ?

Ma mère sans hésiter, surtout lorsqu’elle me prépare des pâtes avec une escalope.

Votre style de musique ?

Le rap US et français.

A quand remonte votre dernier séjour en Algérie ?

A une dizaine d’années, mais je compte y retourner très rapidement.

Votre véhicule rêvé ?

Un X6 version BMW.

Votre joueur modèle ?

Ils sont deux : Lionel Messi et Hatem Ben Arfa.

Que peut-on vous souhaiter ?

De poursuivre sur cette voie inch’Allah !