La France discrimine les commerçants algériens

La France discrimine les commerçants algériens

Les commerçants algériens doivent désormais s’engager à ne pas demander de titre de séjour en France ni à bénéficier de prestations sociales ou médicales.

La France intensifie les restrictions d’obtention de visa Schengen pour les Algériens. Cette fois-ci, se sont les commerçants qui ont été ciblés à travers un nouveau dispositif mis en place par Paris.

En effet, les commerçants algériens doivent désormais s’engager à ne pas demander de titre de séjour en France ni à y bénéficier de prestations sociales ou médicales, a indiqué l’AFP cirant des sources proches des services du ministère de l’Immigration.

Ainsi, tout commerçant algérien désirant se rendre en France «doit signer une déclaration d’honneur sur laquelle le concerné atteste qu’il n’a pas l’intention de demander un titre de séjour, ni de bénéficier de prestations sociales ou médicales en France».

Pour le ministère de l’Immigration français «l’exigence d’une déclaration sur l’honneur résulte d’une initiative du consul général de France à Alger visant à simplifier la procédure de demande de visas de court séjour pour le cas particulier des commerçants algériens», selon cette source.

«Simplifier les procédures» en exigeant un document en plus, en sus du dossier déjà lourd exigé à tous les demandeurs ! Une décision incompréhensible également dans la mesure où il n’y a que les commerçants algériens qui sont concernés par cette décision.

«La disposition ne s’appliquera pas aux demandeurs de visas d’autres pays», a ajouté la même source. Là aussi, on se demande pourquoi la France distingue les commerçants algériens de ceux issus d’autres pays.

Aucune explication n’a été donnée par les autorités françaises sur les raisons précises qui motivent cette exigence aux seuls commerçants algériens. Implicitement, la France accuse les commerçants algériens de profiter des visas de court séjour pour s’installer clandestinement en France et profiter de prestations médicales et sociales.

Ainsi, au moment où la France exige davantage de liberté pour les investisseurs français en Algérie, on empêche les commerçants algériens qui sont également des investisseurs de se rendre librement en France. Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux doit réunir en février prochain les consuls afin de leur demander plus de vigilance dans la délivrance des visas de court séjour qui, selon lui, ne doivent pas être des «passeports pour la clandestinité».

«La question des visas de court séjour est cruciale pour les millions d’Algériens et de Maghrébins de bonne foi», avait répondu le secrétaire d’Etat algérien chargé de la Communauté algérienne à l’étranger, Halim Benatallah.

«Le message du ministre français pour la réduction des visas de court séjour et le durcissement des conditions de leur octroi a le mérite de la clarté», avait-il déclaré. Le but de la France, après la mise en place de ce nouveau dispositif, est de pousser l’Algérie à accepter la renégociation des accords de 1968 sur l’immigration.

Ces derniers, offrent aux Algériens vivant en France un statut particulier, avec de nombreux privilèges par rapport aux autres ressortissants étrangers non issus de la communauté européenne. Mais les négociations semblent ardues, la France voulant aligner son ex-colonie sur le droit commun, via des mesures de restriction, alors que l’Algérie souhaite garder un statut privilégié pour les Algériens qui constituent la première communauté étrangère dans l’Hexagone.

Au 30 novembre 2010, pour les onze premiers mois de l’année, la France a délivré un total de 125 027 visas aux Algériens. En juillet dernier, un rapport de l’ONG, la Cimade, sur les pratiques du consulat français en Algérie intitulé «visa refusé» révélait que l’Algérie est le pays qui enregistre le plus fort taux de refus de visas. L’étude soulignait qu’environ de 35% des visas demandés sont refusés.