La France déterre l’affaire des moines de Tibhirine,Le coup fourré de Sarkozy

La France déterre l’affaire des moines de Tibhirine,Le coup fourré de Sarkozy

L’affaire ressurgit au moment où la position de l’Algérie concernant la crise libyenne n’est pas du tout du goût de l’Elysée.

Après un début d’embellie qui aura duré quelques mois, juste après le départ du Quai d’Orsay de Bernard Kouchner, l’ex- ministre des Affaires étrangères qui a multiplié des déclarations maladroites à l’encontre des autorités algériennes actuelles, les relations entre Paris et Alger risquent très fort de prendre à nouveau du plomb dans l’aile.



Le détonateur: un ouvrage de Jean-Baptiste Rivoire qui s’appuie sur des témoignages jusque-là inédits sur le rapt puis l’assassinat des sept moines trappistes assassinés par les terroristes du GIA. Une thèse que veut absolument battre en brèche le journaliste français dont les arguments avancés sont considérés comme fragiles et ne blanchissent pas non plus les véritables auteurs de cette tragédie: les hordes terroristes du tristement célèbre Djamel Zitouni. «Ces éléments doivent être accueillis avec beaucoup d’intérêt mais aussi précaution et prudence», a reconnu le défenseur des parties civiles, Me Patrick Baudouin, qui s’est confié à l’AFP qui compte toutefois que sur les déclarations recueillies auprès de déserteurs de l’armée algérienne et d’islamistes par le journaliste français pour remettre sous les feux de l’actualité cette tragédie humaine qui a traumatisé autant du côté français que du côté algérien. «Le grand intérêt de cet ouvrage est, j’espère, qu’il va ouvrir la voie à de nouvelles investigations judiciaires», a souligné l’avocat parisien qui tient absolument à mouiller les militaires algériens. «Une nouvelle fois, la vérité assénée depuis l’origine par les autorités algériennes sur l’enlèvement, la séquestration et l’exécution des moines par les islamistes est battue en brèche», affirme Patrick Baudouin.

L’enquête concernant l’assassinat des 7 moines cisterciens de Tibhirine a connu un tournant après les déclarations faites en 2009 par le général Buchwalter, ex-attaché militaire de l’ambassade de France à Alger.

Dès lors, les yeux se sont braqués sur les autorités algériennes de l’époque. Une épine supplémentaire dans des relations algéro-françaises déjà minées par l’affaire du diplomate Hasseni, les déclarations de Bernard Kouchner, la destination Algérie mise sur une liste noire…Une fleur dans le jardin de l’Elysée. Le président de la République française n’avait pas hésité à enfoncer le clou. «Naturellement, je lèverai le secret, défense sur tout document que nous demandera la justice», avait promis le 7 juillet 2009, Nicolas Sarkozy qui était interrogé sur les retombées de l’instruction judiciaire qui était en cours. «Il n’y a pas d’autre façon de faire la vérité.

Les relations entre les grands pays s’établissent sur la vérité, pas sur le mensonge», a sèchement asséné l’actuel locataire de l’Elysée. Cette fois-ci l’affaire ressurgit au moment où la position de l’Algérie concernant la crise libyenne n’est pas du tout du goût de l’Elysée. Alger a eu «une attitude ambiguë» pendant la crise libyenne, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui a regretté que les autorités algériennes ne reconnaissent pas le Conseil national de transition. Un missile sur Alger! Le timing a été bien calculé cette fois-ci par la diplomatie française qui semble vouloir déclencher les hostilités. Ça sent le coup fourré et la main de l’Elysée n’y serait pas étrangère.