La France « déterminée » à faire revenir les harkis en Algérie

La France « déterminée » à faire revenir les harkis en Algérie
Hocine Adryen

La France est plus que jamais déterminée à forcer la main à l’Algérie pour le retour de harkis et des pieds-noirs.

En témoigne cette réponse de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères française Nathalie Loiseau, qui a rappelé récemment la détermination de la France « à faire revenir les harkis et leurs familles sur leur terre natale », dans une réponse à la question écrite du député de La République en Marche Damien Adam. Selon la ministre française, l’histoire de la relation de la France avec l’Algérie « est marquée par des épisodes douloureux, dont la mémoire subsiste encore aujourd’hui ».

Aussi, dit-elle, le gouvernement français « est sensible à la détresse ressentie par les anciens harkis et leurs familles, qui ont dû quitter la terre où ils sont nés et qui ne peuvent y revenir, même pour leur dernier voyage ». Elle a ajouté que le gouvernement est mobilisé de longue date pour « permettre leur retour sur leur terre natale ». Elle informe, dans sa réponse, que lors de la visite à Alger le 6 décembre 2017 du président Macron, celui-ci a « été très clair ».

Il a exprimé son souhait de « travailler avec les Algériens à la réconciliation et à l’apaisement des mémoires.

Il a annoncé des mesures pour engager la France dans ce travail, dont il a déclaré attendre des démarches réciproques en Algérie, appelant celle-ci à faire des gestes à l’égard de ceux qui y sont nés et qui veulent pouvoir y revenir », dit-elle.

Et d’ajouter que « c’est un travail difficile, car si certains anciens harkis ont pu individuellement se rendre en Algérie, il convient néanmoins de ne pas sous-estimer la sensibilité dans l’opinion et des au autorités sur cette question ».

Selon la ministre, « un travail de justice, de mémoire et de vérité doit être mené envers ces personnes en France.

La France continuera d’œuvrer en ce sens pour le retour sur leur terre natale des anciens harkis et rapatriés d’Algérie ».

En Algérie, le retour des harkis reste un sujet tabou. La polémique enfle à chaque fois que les officiels français tentent de faire pression sur Alger.

Le retour des pieds-noirs est également un sujet épineux malgré les efforts pour dépassionner les débats. Le mois dernier, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui a évoqué ce sujet en proposant aux opérateurs économiques de s’appuyer sur les pieds-noirs, ces Français nés en Algérie, pour pénétrer le marché international, a essuyé une salve de critiques et d’accusations de la famille révolutionnaire. Il a dû faire machine arrière et presque s’excuser d’avoir prononcé ces mots.

Pour rappel, Ouyahia a révélé que quand il était en poste en Afrique, il avait trouvé beaucoup de Français qui disposaient de plateformes économiques : « Certains d’entre eux étaient des pieds-noirs », avait-il précisé, expliquant que cette catégorie de population qui a investi dans le commerce international et qui tient toujours au pays natal « sont les plus aptes à faciliter et à aider » les entrepreneurs algériens à s’introduire dans les circuits fermés du commerce international. Prompte à réagir à tout ce qui a trait aux harkis et aux pieds-noirs, l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) a affirmé de son côté que les menaces d’exhumer le dossier de restitution des prétendus biens des colons et des pieds-noirs en Algérie et le retour des harkis au pays « ne serviront pas de moyens de pression et de chantage » contre l’Etat algérien. Dans un communiqué répercuté par l’APS, l’ONM a estimé que le dossier relatif à la restitution des prétendus biens des colons et des pieds-noirs, évoqué à tout bout de champ par la partie française, « ne pourrait en aucun cas servir de moyen de pression et de chantage, eu égard aux grands sacrifices consentis par le peuple algérien durant la révolution ». Ces biens dont parlent les Français « ont été arrachés à leurs propriétaires légitimes par la force et en vertu de lois iniques », a indiqué l’ONM qui a ajouté que le dossier des harkis « a été clos définitivement pour l’Etat algérien et, par conséquent, il ne sera en aucun cas un moyen de chantage. C’est une question qui concerne la France seule et n’a aucune relation avec notre Etat ».

L’ONM a rappelé la position de l’Etat français vis-à-vis des Français qui ont choisi, au lendemain de l’occupation de leur pays par les nazis, de coopérer avec l’occupant. Bien que plus de 70 ans soient passés, ils continuent de faire l’objet de poursuites et de sanctions, outre d’être privés de leurs droits civils ».

L’ONM a déploré le fait que certains responsables d’institutions françaises officielles « sont toujours nostalgiques de l’Algérie française au point de revendiquer des droits illégitimes sur lesquels l’histoire à d’ores et déjà tranché », dit-elle.