SKIKDA – Rivalisant avec ses formes, ses couleurs et ses saveurs, la fraise de la wilaya de Skikda demeure la « reine » indétrônable de tous les fruits dans l’antique Rusicade.
En forme de cœur, charnue et savoureuse, la fraise de Skikda dégage « un parfum de paradis », s’accordent à dire les consommateurs de ce fruit produit en grandes quantités dans cette wilaya.
La Rusicada, variété prestigieuse de la fraise dont est célèbre Skikda, a été « choisie et désignée » comme la fraise la plus succulente de toutes les variétés produites dans les autres régions.
Introduite par des Italiens dans les monts de Stora, dans les voisinages de la Grande plage, et dans la commune d’Aïn Zouit, la Rusicada est, en dépit de sa « petite taille », la plus prisée par les consommateurs qui parlent « d’un goût exceptionnel et surtout naturel ».
La fraise de Skikda est « bio, adaptée au fil du temps, au milieu et au climat de cette région côtière qui lui donnent une saveur et un aspect particulier », tient à souligner à l’APS Aziz Dridah, ancien cadre dans la commune de Skikda et expert dans la culture de la fraise.
D’autres variétés de fraise, la Douglas, la Kandonga, la Kaltioga, juteuses, fondantes avec des arômes sucrés et acidulés, ont été introduites dans la région en 1970 dans le cadre de la vulgarisation agricole par l’Institut de développement agricole, a détaillé l’expert.
La culture de la fraise à Skikda sur ….plus de 290 ha
Cultivée à Skikda depuis 1920 par des Italiens, la fraise s’est « appropriée » d’année en année les lieux au point de devenir un des repères de la ville.
L’histoire de la fraise a commencé par un petit plant de fraisier qu’un Skikdi, manifestement sous le charme de ce petit fruit nouvellement introduit dans sa région, décida de planter dans une autre région de Skikda. Le plant de fraisier a donné d’autres plants et, peu à peu, la fraise fait son apparition dans l’antique Rusicade, sa culture se répand et sa position se consolide, au fil des jours.
D’un demi-hectare réservé à la culture de la fraise en 1920, Skikda compte en 2016, pas moins de 298 ha consacrés à la culture de ce fruit savoureux dont 130 ha dans la commune de Tamalous, 102 au chef-lieu de wilaya, 58 ha à Ain Zouit et 8 hectares à Bouchtata.
La filière fraise, un créneau porteur à réorganiser
Selon des producteurs de la fraise approchés par l’APS, la rareté des voies de communication et des itinéraires aménagés et « la fragilité » du fruit ont contraint des cultivateurs de fraises à « céder » leurs produits à des détaillants, « beaucoup plus habiles » à acheminer la récolte vers les marchés de détails, affirme Saïd Bouaâras, qui avait remporté en 2012, le prix du meilleur producteur de fraise.
Beaucoup de producteurs de fraise à Skikda, 800 actuellement, se disent également « contrariés » de constater que les intermédiaires « gagnent mieux » dans la vente de la fraise en l’absence d’une stratégie de commercialisation permettant aux producteurs de se distinguer.
Dans la perspective d’organiser une filière qui peut générer beaucoup des richesses, des négociations sont actuellement en cours avec les services de la Conservation des forêts pour régulariser la situation des agriculteurs de fraise activant sur des terres forestières.
« Avec des attestations d’exploitation de terres forestières, les agriculteurs pourront bénéficier des différentes formules de soutien disponibles dans le cadre du Fonds national de développement agricole », souligne, de son côté, le président de l’association des producteurs de fraise, Hamoudi Laâyeb.
L’objectif, a ajouté le responsable, est d’augmenter la surface dédiée à ce fruit et de renforcer sa production.
M. Laâyeb ambitionne même d’orienter, à travers la Chambre de l’agriculture, la filière vers l’exportation. « La fraise de Skikda peut être compétitive à l’échelle internationale et son exportation demeure une option très envisageable », lance avec enthousiasme le président de l’association des producteurs de fraise.
22.000 quintaux de fraise attendus pour cette saison
Pour la saison de récolte de la fraise, lancée en grandes pompes à la mi-mai et qui devra se poursuivre jusqu’à juillet prochain, les prévisions des services de la direction des services agricoles (DSA) tablent sur 22.350 quintaux.
La production prévue est légèrement inférieure à celle réalisée la saison dernière (25.000 quintaux), expliquée par une période de sécheresse qu’a connue Skikda à un moment crucial de l’évolution du fraisier.
Mais ce n’est que « partie remise », tient à souligner un cadre à la DSA, Rabah Messikh. La production de fraise est passée de 15.000 quintaux en 1999 à plus de 25.000 quintaux, au fil des ans, avec pas moins de 75 quintaux par hectare.
A Skikda, en pleine saison de fraise, ce fruit rouge tout en raffinement qui donne des couleurs aux assiettes et émoustille les palais, qu’on s’accorde à appeller Douglas, Kandonga ou Kaltioga, juteux, fondant, sucré, ou acidulé est actuellement consommé sans… modération aucune.